Buste d’Akhénaton

Buste d’Akhénaton

Auteur

Dimensions

H. 135 cm ; L. 87 cm ; P. 49 cm

Provenance

Égypte, Louxor, temple de Karnak

Technique

Sculpture

Matériaux

Grès, Pigments

Datation

Vers 1350 av. J.-C.

Lieu de conservation

France, Paris, musée du Louvre

Qui est Akhénaton ? Pourquoi sa représentation est-elle si différente de celles des autres pharaons ?

Ce colosse fragmentaire en grès peint image principale, daté des environs de 1350 av. J.-C., représente Aménophis IV, dit Akhénaton, dixième pharaon de la XVIIIe dynastie. Provenant du temple de Karnak, à Louxor (ancienne Thèbes) image 6, il a été offert par le gouvernement égyptien à la France en remerciement de son aide pour la sauvegarde des monuments de Nubie en 1972.

Akhénaton et la période amarnienne

Lorsqu'Aménophis IV, fils d'Aménophis III et de Tiyi, monte sur le trône, la capitale de l'Empire est Thèbes, et le dieu tutélaire Amon.

Durant la quatrième année de son règne, le nouveau pharaon impose une nouvelle pensée politique et religieuse : il instaure un culte exclusif au dieu solaire Aton et fait proscrire le culte des dieux traditionnels, bouleversant ainsi le polythéisme connu en Égypte. Il se fait désormais appeler Akhénaton (« celui qui est bénéfique à Aton »). Dans le même temps, il déménage la capitale politique à Akhetaton (« horizon d'Aton ») aujourd'hui Tell el-Amarna image 6.

C'est le début de la période amarnienne, qui prend forme durant les dix-sept années de son règne. Cette nouvelle idéologie officielle trouve très rapidement une traduction artistique adaptée, très différente de l'art égyptien traditionnel.

Un art outrancier

Le royal colosse aujourd'hui conservé au musée du Louvre est fragmentaire : seuls le visage et quelques morceaux du buste réassemblés nous sont parvenus. À l'origine, il faisait partie d'un ensemble de piliers osiriaques image 1, conservés au musée égyptien du Caire, érigés durant les premières années du règne d'Akhénaton dans un édifice bâti à l'est du temple de Karnak.

Le pharaon est représenté avec les deux sceptres royaux, Heqa et Nekhakha, dont il ne subsiste que les manches, et une barbe postiche très longue. Son visage image b est étroit et étiré en hauteur. Les yeux en amande sont protubérants, les paupières lourdes. La bouche est charnue, presque hypertrophiée, et le menton excessivement allongé.

Akhénaton est ici représenté selon le nouveau canon de beauté caractéristique de la période amarnienne, qui diffère radicalement de l'art classique égyptien et dont le pharaon est le seul représentant. Il n'est plus question de figurer le souverain en tout état de puissance et de force, mais d'accentuer les déformations. Ce nouveau canon de beauté se retrouve dans les représentations de la famille royale : ainsi, une statuette figurant Néfertiti image 2, épouse d'Akhénaton, montre les mêmes déformations, qui s'étendent au crâne particulièrement étiré en arrière et au ventre bedonnant.

Aton ou Rê-Horakhty ?

Les cartouches image c visibles sur le torse et le poignet du colosse ne contiennent pas le nom d'Akhénaton, mais celui de Rê-Horakhty, le faucon solaire, créateur de l'univers et fondateur de la royauté image 3. Ce dieu en forme de faucon est le premier aspect d'Aton. Plus tard, Aton prend l'aspect d'un disque solaire dont les rayons, terminés par des mains, apportent la vie image 4.

Une révolution artistique énigmatique

Les sculpteurs de l'art classique égyptien ne cherchaient pas à réaliser un portrait ressemblant du souverain, mais une image idéalisée pour la postérité. L'art amarnien rompt radicalement avec cette tradition : le colosse ici présenté ne montre pas un pharaon dans toute sa puissance, mais une figure difforme.

Par ailleurs, les autres représentations du pharaon sont intégrés à des scènes familiales image 4, ce qui n'avait jamais été réalisé auparavant.

L'art amarnien, outrancier dans les premières années, s'assagit dans sa seconde phase : le pharaon n'est plus aussi disproportionné, ne conservant qu'un ventre bedonnant image 5.

Émilie Declercq

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/buste-dakhenaton

Publié le 27/10/2021

Ressources

La notice de l’œuvre sur le site des collections du musée du Louvre

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010003776

Glossaire

Pilier osiriaque : Se dit d’une sculpture adossée à un pilier, représentant le pharaon sous la forme du dieu Osiris selon un aspect momiforme, les bras croisés sur la poitrine, tenant les sceptres royaux.

Heqa et Nekhakha : Les deux sceptres royaux du pharaon, le premier en forme de crochet, le second de fouet ou de chasse-mouches.

Cartouche : Dans l’Égypte ancienne, forme ovale dans laquelle étaient inscrits les noms des pharaons