Cathédrale Notre-Dame de Reims

Cathédrale Notre-Dame de Reims

Dessin in "Le Voyage du Roy Louis XIV en la ville de Reims pour son sacre au mois de juin 1654" - PHBD06-0139

Auteur

Dimensions

Provenance

Technique

Architecture

Matériaux

Datation

1211-1345

Lieu de conservation

France, Reims

Pourquoi la cathédrale de Reims a-t-elle été le lieu du sacre des rois de France ?

Parmi les cathédrales gothiques de France, Reims est l’une des plus prestigieuses image principale puisqu’elle est le lieu du sacre des rois de France. Au cours de son histoire, l’édifice a subi incendies image 1, bombardements et destructions image 2. Toutefois, il a su mobiliser les princes, les artistes et les peuples pour renaître de ses cendres. Ses voûtements ont été reconstruits image 3, ses sculptures recréées image 4 et ses vitraux redessinés.

Un vaisseau gothique

La construction de l’édifice actuel a commencé en 1211, après qu’un incendie a totalement détruit l’église précédente. Quatre maîtres d’œuvre et presque 100 ans sont nécessaires à son achèvement. Elle se situe chronologiquement après Chartres image 28 et Paris, et précède Strasbourg image 29, Amiens image 30 et Beauvais image 31. La cathédrale, longue de 138,70 mètres, large de 14,65 mètres image 5, est traversée d’un transept de 49,50 mètres et sa nef est haute de 38 mètres sous clé de voûte. Le clocher de l’Ange culmine à 87 mètres image 6 et la façade est cantonnée de deux tours de 81,50 mètres image 7. La nef s’élève sur une structure tripartite : les grandes arcades, séparées par de forts piliers, sont surmontées d’une galerie de triforium composée de petites ouvertures séparées par des colonnettes. Le triforium permet de renforcer le mur et de l’alléger image 8. À l’époque gothique, il remplace le plus souvent l’étage des tribunes de l’époque romane. Au-dessus, les fenêtres hautes, à lancettes et oculi, présentent des remplages de plus en plus complexes et laissent entrer la lumière à flot image 8. Cette « fenêtre rémoise » se diffuse aussitôt dans toute l’Europe. De puissants arcs-boutants maintiennent les murs de cet impressionnant édifice image 9 image 10.

Des milliers de statues

La cathédrale compte 2 303 statues de styles différents suivant les ateliers qui les ont réalisées. Sa façade occidentale monumentale, avec sa triple élévation image principale image 7, est scandée de trois portails surmontés de gâbles ornés de scènes sculptées image 7. Au-dessus d’une immense rosace, la galerie des rois est composée présente 56 statues de 4,50 mètres de haut représentant les ancêtres du Christ et les rois de France image 11 image 7. Cet ensemble sculpté est le plus ancien de la cathédrale (vers 1300). Chaque roi est placé dans une niche, sous un arc trilobé et coiffé d’un gâble image 11. Il tient en main un symbole (couronne, sceptre, gants). Au centre figurent Clovis, son épouse Clotilde et l’évêque Remi image 11 bis.

À gauche du portail nord de la façade occidentale, l’ange de saint Nicaise, sculpté vers 1240, compte parmi les chefs-d’œuvre de la cathédrale de Reims. Son célèbre sourire lui a valu le nom de L’Ange au sourire ou Sourire de Reims image 12 image 7. Le revers de cette façade (à l’intérieur) est divisé en 120 niches contenant chacune une scène sculptée. Ces niches entourent la rose occidentale image 13. On peut y voir en particulier, sur la droite en bas, une sculpture dite de la Communion du chevalier, qui représente Melchisédech donnant du pain et du vin à Abraham image 14

Dans la partie est de la cathédrale, l’abside cantonnée de cinq chapelles rayonnantes soutient le clocher où culmine un ange à 87 mètres image 5 image 6.

La façade du bras nord du transept se divise en trois portails image 5 image 15. Dans celui du centre, la statuaire conte la vie de saint Remi et celle de saint Nicaise image 16. Le tympan du portail de gauche est consacré au Jugement dernier, avec, au registre supérieur, le Christ entouré de la Vierge, de saint Jean-Baptiste et de deux anges image 17. Dessous, sur le pilier central, la figure dite du Beau Dieu image 18 représente Jésus tenant le globe de l’univers en main.

La façade sud du transept présente, de part et d’autre de la rosace image 20, l’Église image 21 et la Synagogue image 22 (que l’on reconnaît à ses yeux bandés), célèbres pour leur déhanchement et la fluidité de leur drapé. Certaines sculptures, cassées pendant les bombardements, ont été copiées, et les originaux présentés au palais épiscopal du Tau image 23. C’est dans ce palais situé au sud de la cathédrale que séjournaient les rois lors de leur sacre.

Reims, ville du sacre

Reims, importante ville romaine, se christianise avec l’évêque saint Nicaise, le saint patron de la ville. Il aurait transformé des thermes gallo-romains en cathédrale vers 401. Une crypte et un baptistère au nord de la cathédrale attestent cette première église image 24. L’événement du baptême de Clovis, roi des Francs, le 25 décembre, entre 496 et 499, par l’évêque Remi, confère un prestige exceptionnel à ce lieu. La légende veut qu’une colombe ait apporté l’huile sainte nécessaire à ce baptême. L’huile sainte (saint-Chrême), utilisée pour le baptême de Clovis, le sera également pour l'onction reçue par le roi lors de son sacre. Le premier d'entre eux qui viendra à Reims pour être sacré est Louis le Pieux, fils de Charlemagne, en 816. En 869, la Sainte Ampoule contenant le Saint-Chrême image 32, est retrouvée dans la tombe de saint Remi. Dès lors, elle servira au sacre des rois. Peu à peu, la tradition s'instaure et les rois prennent l'habitude de se faire sacrer à Reims. À partir d'Henri Ier (1027), 33 rois de France (sur 37) y seront sacrés. Dans la plupart des royautés, la couronne posée sur la tête du roi est le symbole le plus important de la cérémonie. En France, le moment majeur n’est pas le couronnement, mais le sacre, c’est-à-dire l’onction d’une huile sainte en sept points du corps du roi.

Une cérémonie publique

Des manuscrits liturgiques rédigés à Reims vers 1270 permettent de connaître précisément le déroulement de cette cérémonie. Le futur roi se rend à Reims pour plusieurs jours de prières, de cérémonies (sacre, couronnement, toucher des écrouelles) et de festivités. Après une nuit de recueillement, le roi reçoit l’onction, la couronne, l’épée et les autres regalia. La cérémonie est publique, rassemblant quelques centaines de personnes. La cathédrale peut accueillir aujourd’hui 3 000 personnes assises. À partir de Louis XIV, les portes sont ouvertes à la foule dès le moment de l’intronisation. À la fin de la cérémonie, le cortège royal sort de la cathédrale et le peuple peut voir et acclamer son nouveau monarque. Pour un sacre, la population de Reims double ou triple. On l’estime à 100 000 personnes pour le sacre de Louis XV, en 1722.

La cathédrale incendiée et bombardée

Les Annales de saint Nicaise rapportent que le 6 mai 1210, « l’église de Reims a brûlé en la fête Saint-Jean-devant-la-Porte-latine ». L’incendie détruit le toit, la charpente, le clocher central et le clocher de l’Ange. Un autre incendie se déclare le 24 juillet 1481, détruisant la charpente, la toiture en totalité, le clocher central et ses dix cloches, et enfin l’horloge. Le transept est fortement endommagé, et le plomb fondu détruit plusieurs vitraux. Pour la reconstruction, Charles VIII instaure un impôt sur le sel. En remerciement, des fleurs de lys d’1,25 mètre de hauteur sont érigées sur la crête du toit et dorées avec 30 kilogrammes d’or, mais elles seront détruites par les révolutionnaires.

Lors de la première guerre mondiale, en 1914, les Allemands bombardent Reims dès le 4 septembre. Un obus tombe sur le croisillon nord (bras nord du transept) image 25, quatre autres endommagent les verrières et les statues. 287 obus détruisent la cathédrale jusqu’au clocher de l’Ange, qui surmonte le chevet. Cependant, les voûtes ont tenu, même si elles ont souffert du feu. À l’intérieur, l’incendie image 1 a dégradé les sculptures du revers de la façade et une grande partie du mobilier image 2. Le clergé a pu cependant évacuer les objets liturgiques et le trésor de la cathédrale au début de l’incendie.

La reconstruction

L’architecte des monuments historiques, le Rémois Henri Deneux, dirige le chantier. Dès 1919, les travaux de reconstruction de l'édifice commencent : la cathédrale sera rebâtie à l'identique. Les charpentes de bois sont remplacées par des éléments préfabriqués en béton et reliés par des clavettes en chêne pour garantir la souplesse image 26 image 27. La toiture est composée de plaques de plomb (en partie récupérées dans les ruines après l’incendie de 1914) fixées à une armature de bois, et elle porte un carillon à l'intersection de la nef et du transept. La crête de faîtage de la toiture, financée par Rockefeller (avec l’ensemble des travaux) dans les années 1920, retrouve son décor de fleurons trilobés et de fleurs de lys rappelant que la cathédrale a été le lieu du sacre des rois de France.

Les vitraux

Il reste dans la cathédrale des éléments de vitraux des XIIe et XIIIe siècles, mais une grande partie a disparu avec les bombardements lors de la première guerre mondiale. Depuis, d’autres ont été réalisés par des artistes comme Imi Knoebel et Brigitte Simon. Les plus célèbres sont ceux de Marc Chagall, installés en 1974 dans la chapelle axiale. La Bible est pour le peintre « la plus grande source de poésie de tous les temps ». En l’utilisant, il souhaite créer un lien entre passé et présent, entre la persécution de Jésus et celle des Juifs en Europe. Il dessine 75 mètres carrés de vitraux : six lancettes de 10 mètres de haut et trois rosaces. Ces vitraux, placés dans la chapelle d’axe à l’extrémité est, reçoivent le soleil du matin. Pour cette raison, Chagall insiste sur les couleurs froides et notamment les bleus anciens, pour conserver l’harmonie du lieu.

Bombardée intentionnellement en 1914 par l’armée allemande dans le but de briser le moral des Français, la cathédrale martyrisée renaît de ses cendres en 1938. Le 8 juillet 1962, la réconciliation franco-allemande est symboliquement officialisée par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer sous les voûtes de la cathédrale de Reims.

La Cathédrale de Reims, une vidéo de Secrets d'histoire, France TV, 1mn56

Marie-Bélisandre Vaulet-Lagnier

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/cathedrale-notre-dame-de-reims

Publié le 20/06/2025

Ressources

La cathédrale de Reims - Centre des Monuments nationaux (CMN)

https://www.cathedrale-reims.fr/

Les fouilles de la cathédrale de Reims - INRAP

https://www.inrap.fr/cathedrale-de-reims-4133

La cathédrale de Chartres - Centre des Monuments nationaux (CMN)

https://www.chartres-cathedrale.fr/

La cathédrale d'Amiens - Centre des Monuments nationaux (CMN)

https://www.cathedrale-amiens.fr/

La cathédrale de Beauvais - Association de la cathédrale de Beauvais

https://cathedrale-beauvais.fr/

Le sacre des rois de France - Le Palais du Tau (CMN)

https://www.palais-du-tau.fr/decouvrir/un-palais-royal

Glossaire

Art gothique : Style qui se développe à partir du milieu du XIIe siècle jusqu’au début du XVIe siècle dans l’Occident chrétien.

Croisillon : L’une des deux parties du transept d’une église. On l’appelle aussi bras du transept.

Crypte : Caveau souterrain dans une église, souvent sous l’autel, servant de sépulcre, et permettant de cacher les reliques.

Écrouelles : Maladie tuberculeuse que le roi a le pouvoir de guérir. Au lendemain de son sacre, et lors de certaines fêtes, il rencontre les malades et leur dit : « Le roi te touche, Dieu te guérit. » La guérison n’est toutefois pas systématique…

Lancette : Arcature haute et étroite, le plus souvent en arc brisé. Elle surmonte la plupart du temps une fenêtre à laquelle elle donne une forme très « élancée ».