Stèle du dieu Baal au foudre

Stèle du dieu Baal au foudre

Auteur

Dimensions

H. 142 cm ; L. 50 cm

Provenance

Ougarit (Syrie)

Technique

Sculpture

Matériaux

Calcaire

Datation

15e siècle av. J. -C.

Lieu de conservation

France, Paris, musée du Louvre

Qui est le dieu Baal ? Comment est-il représenté ?

Découverte durant des fouilles en 1932 sur le site de Ras Shamra, la Stèle du Baal au foudre est un vestige exceptionnel datant de l’âge du bronze récent (entre le XVe et le XIIIe siècle av. J.-C.). Cet émouvant témoignage du culte du dieu de l’orage dans le royaume d’Ougarit est la plus grande stèle mise au jour sur le site.

Ougarit, un royaume et une capitale

Situé sur la côte du Levant, dans le nord-ouest actuel de la Syrie, le royaume d’Ougarit jouissait d’un climat méditerranéen aux multiples ressources.carte Occupée depuis le VIIe millénaire avant notre ère, la capitale, l’actuelle Ras Shamra, couvrait une superficie de 27 hectares entre terre et mer. La plupart des vestiges exhumés datent de la période du bronze moyen et du bronze récent. De nombreuses tablettes d’argile avec des inscriptions, dont le fameux poème mythologique du Cycle de Baal image principale, ont été découvertes. Le site a également révélé un palais, une forteresse, des quartiers d’habitation et deux temples sur l’acropole. C’est dans l’un de ces deux sanctuaires que l’on a découvert la Stèle du Baal au foudre.

Un dieu combattant

La stèle, qui mesure 1,44 mètre de haut, a une forme pyramidale avec un sommet arrondi et une base rétrécie, permettant son insertion dans un support. Une figure divine masculine est représentée en léger relief et occupe tout l’espace du support. Elle se tient debout, en position dynamique, sur un piédestal en relief sur le devant duquel figurent des motifs de vague. Ce décor évoque la mer et les montagnes, reflétant la situation géographique du royaume et rappelant la résidence de Baal.
Ce dernier nous rappelle les figures combattantes de l’Égypte ancienne image 1: les pieds et la tête de profil, et le buste de face. Il empoigne des armes dans ses deux mains : une massue qu’il brandit au-dessus de sa tête et une lance pointée vers le bas terminée par un rameau, symbole de fertilité. Il porte également un casque « à entonnoir » muni d’une paire de cornes, caractéristique des dieux orientaux, d’où sortent deux mèches de cheveux en volutes. Il est barbu et son buste est dénudé. Il porte un pagne court décoré de bandes horizontales, noué à la taille, avec une ceinture qui maintient un poignard.

Le bout recourbé de son arme touche la tête d’un personnage plus petit, discret face à l’imposant dieu image b. Cet homme est vêtu d’un manteau à bordure épaisse que portent les rois syriens du IIe millénaire avant notre ère. Il s’agit du roi d’Ougarit, debout sur un piédestal, tourné dans la même direction que le dieu de l’orage. Sa représentation affirme qu’il se place sous la protection du dieu. Il est aussi son substitut sur terre.

Les stèles et la religion à Ougarit

La présence du divin est étroitement liée à la vie du royaume. Les dieux du royaume d’Ougarit interviennent partout et à tout moment. Nous en avons un témoignage avec le Cycle de Baal image 3 . Ces poèmes mythologiques rédigés en ougaritique (une langue sémitique éteinte) racontent les aventures et combats de Baal, roi des dieux, contre les nuisances du royaume. Ils attestent ainsi la dévotion envers Baal, tout comme les nombreuses statuettes en bronze découvertes sur le site de Ras Shamra image 4 . Les stèles, souvent retrouvées à l’intérieur des sanctuaires, attestent un culte très répandu à l’âge du bronze au Levant. Si la Stèle du Baal au foudre est la plus grande du site, Ras Shamra en a livré plus d’une vingtaine image 5 .

Baal, garant de la prospérité d’Ougarit

La Stèle du Baal au foudre renvoie aux rôles que joue ce dieu principal à Ougarit comme dieu de l’orage, avec sa lance se terminant par un rameau, et dieu guerrier, avec sa massue, arme qu’il utilise dans le Cycle de Baal pour terrasser ses ennemis. Les différents épisodes racontent ses combats majeurs, contre Mot, la mort et contre Yam, la mer. Ainsi, Baal protège les terres cultivables de leur submersion. Il favorise également la renaissance végétale en combattant la mort et, pour finir, il protège la royauté.

Baal, qui signifie « seigneur », désigne en Phénicie le dieu de l’orage et de la fertilité. Appelé Adad en Mésopotamie ou encore Teshub pour les Hourrites, Baal sera par la suite, sous l’influence des Araméens qui empruntèrent l’orthographe babylonienne, identifié au dieu grec Zeus.

Émilie Declercq

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/stele-du-dieu-baal-au-foudre

Publié le 20/06/2025

Ressources

Page sur Ougarit- Grands Sites archéologiques

https://archeologie.culture.gouv.fr/proche-orient/fr/ougarit-ras-shamra-1

Le site de la mission archéologique d'Ougarit

https://www.mission-ougarit.fr/

Glossaire

Acropole : Mot tiré du grec ancien qui signifie « ville haute ». L’acropole désigne la partie en hauteur et fortifiée d’une ville.