Crystal Palace Delamotte Philip Henry
Crystal Palace
Auteur
Dimensions
Provenance
Technique
Matériaux
Datation
Lieu de conservation
En quoi cet édifice de fer et de verre, symbole de la révolution industrielle, préfigure-t-il l’architecture moderne ?
Le Crystal Palace est inauguré lors de la première Exposition universelle, organisée à Londres en 1851. Il devient un symbole de l'apogée de l'ère victorienne, à l'époque où le royaume britannique est à la tête d'un immense empire colonial. Il constitue en même temps l'un des édifices les plus représentatifs de l'architecture de fer et de verre qui triomphe tout au long du XIXe siècle. Il a malheureusement été détruit par un incendie en 1936, mais des images anciennes, dont cette photographie de Philip Henry Delamotte réalisée vers 1870 image principale, nous permettent de nous faire une idée de son apparence.
Un bâtiment pour la première Exposition universelle
Durant la première moitié du XIXe siècle, sous le règne de la reine Victoria, l'empire britannique connaît un développement considérable et l'industrie, alors en plein essor, est prospère. Des technologies nouvelles apparaissent.
Prolongeant le principe des expositions des produits de l'industrie qui s'étaient tenues en France de 1798 à 1851, l'idée d'organiser une vaste exposition servant de vitrine aux produits du monde entier nés de cette industrialisation voit le jour. Le projet de la construction d'un palais pouvant abriter cette première Exposition universelle à Londres est alors lancé.
En 1850, un concours est organisé, mais aucune des 245 propositions ne remporte l'adhésion du jury. Le jardinier paysagiste en chef Joseph Paxton présente alors la sienne. Le programme demandant une réalisation rapide et des méthodes de construction économiques, Paxton s'inspire largement de ses connaissances et expérimentations en matière de serre agricole : une boîte composée de deux éléments de base, poteaux et châssis. Ce projet est immédiatement accepté et confié à l'entreprise Fox Henderson, qui en produit les plans d'exécution et fabrique les éléments nécessaires, tout en mesurant la résistance des matériaux. Le Crystal Palace est inauguré le 1er mai 1851.
Une architecture originale par sa forme et ses matériaux
Dans sa version initiale, le Crystal Palace est un immense bâtiment rectangulaire de plus de 500 m de long, composé en partie d'une nef centrale de 22 m de large, elle-même flanquée de chaque côté de cinq nefs latérales. Une grande arche, à la fois fonctionnelle et décorative, surmonte le transept. Si les matériaux de construction utilisés sont principalement le fer et le verre, le bois est également employé pour les planchers, les toits et certaines arcatures. Toutes les poutres et colonnes principales sont en fer. Au total, 3 300 piliers de fonte, 2 224 poutrelles, 300 000 carreaux de verre et 205 000 cadres de bois couvrent une surface de 70 000 m2. La décoration intérieure, marquée par le recours à la polychromie, est confiée à l'architecte décorateur Owen Jones image 1. L'édifice si original remporte un vif succès.
Érigé dans un premier temps à Hyde Park, le palais est déplacé en périphérie de Londres après l'Exposition universelle. Lors de sa reconstruction, les éléments standardisés sont réutilisés, mais ceux en bois disparaissent, remplacés par des pièces en fer et en verre. Le Crystal Palace devient le palais de Sydenham image 2. Son plan est développé, et deux tourelles image c l'encadrent de part et d'autre.
De sa réouverture en 1854 à son incendie en 1936, le Crystal Palace a accueilli toutes sortes d'événements (expositions, concerts, salons aéronautiques ou automobiles). Son style et son mode de construction auront une influence capitale sur l'architecture des pavillons des Expositions universelles organisées jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Qui est Joseph Paxton ?
Ni ingénieur ni architecte, Joseph Paxton est à l'origine jardinier paysagiste. Né en 1803, il devient jardinier à Battlesden, dans le Bedforshire, à l'âge de 17 ans. Deux ans plus tard, passionné par l'aménagement des espaces extérieurs et leur alimentation en eau, il dessine et crée un lac. Il travaille bientôt au service de l'Horticultural Society de Chiswick Gardens, appartenant au duc de Devonshire, qui lui offre son premier poste de jardinier en chef. Il occupe ensuite cette même fonction pour les jardins de Devonshire, où il réalise des lacs, des arboretums et des serres. D'horticulteur, Paxton devient ainsi architecte. Entre 1836 et 1840, il dessine et construit la Grande Serre de Chatsworth; c'est alors le plus grand bâtiment en verre du monde, aujourd'hui disparu. Les serres de Paxton présentent des innovations importantes, dont des gouttières intégrées à la structure, système repris pour le Crystal Palace.
Un mode de construction novateur
L'une des principales caractéristiques du projet de Paxton, essentielle aux yeux des membres du comité, est un mode de construction rapide et économique. Le Crystal Palace est édifié en un temps record grâce au recours à des éléments standardisés : des milliers de pièces sont conçues sur un même modèle, préfabriquées et faciles à assembler. Certains éléments pouvant avoir plusieurs fonctions (par exemple, les gouttières et les colonnes), un code couleur leur est attribué, de façon à différencier leur destination sur le chantier. Cette technique annonce les méthodes de préfabrication actuelles et permet aux ouvriers de travailler rapidement.
Ce type de construction laisse toute la place au talent des ingénieurs plutôt qu'à celui des architectes. Par comparaison, le célèbre pont suspendu de Brooklyn image 3, à New York, a également été conçu par un homme à la formation d'ingénieur, John Roebling, qui s'attache à l'étude des câbles métalliques et à leur résistance.
Par la suite, Paxton ajoute au palais un environnement aménagé en jardins, eux-mêmes agrémentés de nombreuses fontaines image d. Les tours peuvent alors servir de châteaux d'eau.
La vision des artistes
Cet édifice si particulier et si novateur est un véritable succès architectural l'ensemble plaît au public et attire de nombreux regards, depuis l'homme du peuple jusqu'à l'esthète. Largement reproduit dans la presse, le Crystal Palace attire aussi les artistes qui le représentent lors de leur passage dans la capitale anglaise. Ainsi, Camille Pissarro le représentera dans son environnement urbain image 4.
Le déclin de l'empire
Monument phare du règne de la reine Victoria, le Crystal Palace symbolise à la fois l'immensité de l'empire colonial britannique et le dynamisme de la nouvelle société industrielle. Cet emblème d'un moment-clé de l'histoire disparaît en 1936, lors d'un incendie d'origine purement accidentelle. Cet événement, à l'aube du conflit qui embrasera le monde, préfigure en un sens le début du déclin de l'empire britannique.
Mots-clés
Véronique Duprat-Roumier
Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/crystal-palace
Publié le 10/05/2021
Ressources
Le Crystal Palace sur le site de la Cité de l’architecture et du patrimoine
Une présentation du Crystal Palace sur le site Passerelle(s) de la Bibliothèque nationale de France
http://passerelles.bnf.fr/batiments/crystal_palace_planche.php
Glossaire
Exposition universelle : Présentation publique durant laquelle des produits de l’art et de l’industrie du monde entier sont exposés. La première a eu lieu à Londres en 1851.
Transept : Construction perpendiculaire à la nef, qui donne à l’église un plan en croix.
Polychromie : Procédé qui consiste à appliquer différentes couleurs sur une œuvre d’art ou un monument, ou à utiliser des matériaux colorés pour sa réalisation.
Fonte : Alliage de fer et de carbone