Dame au chignon « à double coque »
Dame au chignon « à double coque »
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Quelle était la fonction de cette statuette ? Que nous apprend-elle de la mode féminine chinoise au temps de la dynastie Tang ?
Modelée en terre cuite et peinte de couleurs vives, cette statuette représentant une dame de cour image principale Elle a été découverte dans le Nord de la Chineimage 4et date du VIIIe siècle. Elle est un exemple emblématique de l'art de la dynastie Tang (618-907).
Une statuette pour l'au-delà
La provenance exacte de cette figurine est inconnue, mais elle devait faire partie d'un groupe de statuettes déposé dans la tombe d'un riche personnage de l'époque.
À l'exemple de l'empereur et de son épouse, princes, princesses et hauts fonctionnaires étaient enterrés dans de riches tombes sous tumulus. Creusées sous terre, celles-ci comprenaient un long couloir conduisant à des chambres funéraires, qui pouvaient être décorées de peintures murales et meublées de différents objets ou personnages conçus comme des substituts en terre cuite. Ces représentations de soldats, de membres de la cour ou encore d'animaux familiers évoquaient la vie terrestre du défunt et étaient destinés à accompagner le mort dans l'autre monde. Ces mingqi (« objets brillants ») avaient également pour rôle d'éclairer le chemin du défunt vers l'au-delà.
Une élégante de la cour
La jeune femme ici représentée est figurée debout, dans un mouvement plein d'élégance, en légère torsion, comme surprise par quelqu'un. Elle porte une longue jupe bleue ornée de motifs floraux et dont la fluidité évoque la soie. Le haut est fait d'un caraco rouge, dont les longues manches enveloppent les bras et cachent les mains, signe d'élégance sous les Tang. Ses chaussures à bout pointu évoquent les poulaines. La rondeur du visage de la jeune femme est accentuée par la coloration rouge de ses joues et son lourd chignon à double coque.
Donner la vie en façonnant l'argile
Entièrement modelé en argile, le personnage repose sur un petit socle qui permet de le stabiliser. Une fois séchée, l'argile a été cuite puis peinte à froid. Il est tout à fait exceptionnel qu'une statuette aussi ancienne possède encore des couleurs si vives.
Si certaines des statuettes étaient réalisées en série grâce à des moules, d'autres, comme cette dame, étaient façonnées individuellement par un potier. L'artisan se fait alors artiste, créant un objet unique, cherchant, comme ici, à imprimer la vie au personnage, à rendre la qualité du tissu et la richesse du costume. L'œuvre n'a cependant pas été signée, et son auteur reste anonyme.
Un témoignage de la mode féminine sous les Tang
Les statuettes en terre cuite ont été déposées, parfois par centaines, dans les riches tombes de l'élite de la dynastie Tang. Elles nous renseignent avec beaucoup de détails sur les costumes et les modes de l'époque. Ainsi, on observe qu'au VIIe siècle, le canon féminin était aux silhouettes élancées et minces image 1, alors qu'au VIIIe, il est aux formes plus rondes image 2, à l'image de la concubine préférée de l'empereur, la belle Yang Guifei. Pour mettre en valeur cette rondeur, les robes se font plus amples et le visage est encadré par un chignon à deux coques enveloppantes.
Le maquillage, rouge sur les joues et sourcils doublés, renforce la majesté de ces élégantes de la cour. Souvent, un ornement en forme de croissant de lune, d'oiseau ou de fleur, fait d'une fine feuille métallique, est posé sur le front ou la joue image 3, une mode qui perdure jusqu'au Xe siècle.
Exemple rare par sa polychromie intacte, cette dame du VIIIe siècle reflète l'évolution de la conception de la beauté féminine dans la Chine des Tang. Elle reste très vivante par son attitude et son jeu d'expression.
Modèle en 3D
Mots-clés
Vinca Baptiste
Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/dame-au-chignon-double-coque
Publié le 09/12/2021
Ressources
Dynastie des Tang au musée Cernuschi
https://www.cernuschi.paris.fr/fr/collections/collections-chinoises/dynasties-sui-et-tang
Notice de l'eouvre du musée national des Arts asiatiques – Guimet
https://www.guimet.fr/collections/chine/dame-au-chignon-mingqi-substitut-funeraire/
Pour en savoir plus sur Yang Guifei, concubine préférée de l’empereur
S’interroger sur les femmes dans l’Empire chinois avec le livre de Danielle Elisseeff, La Femme au temps des empereurs de Chine (1988)
Glossaire
Tombe à tumulus : Sépulture recouverte d’un monticule artificiel.
Caraco : Vêtement féminin consistant en un corsage à manches longues.
Poulaine : Chaussure à bout pointu portée à la fin du Moyen-Âge en France.