Le Calendrier rustique
Le Calendrier rustique
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Datation
Lieu de conservation
Pourquoi appelle-t-on cette mosaïque « calendrier » ?
Que nous apprend-elle sur la Gaule romaine ?
La mosaïque dite Le Calendrier rustique a été découverte en 1891 à Saint-Romain-en-Gal, commune située sur les bords du Rhône, juste en face de la ville de Vienne. Sa création remonte à l’époque où Vienne s’est développée et rapidement romanisée dans les trois siècles qui suivirent sa promotion au statut de colonie romaine sous Auguste (Ier siècle).
Une composition bien ordonnée sur le thème des saisons
Cette mosaïque [ image principale ] qui ornait, dans une villa, le sol d’une pièce de réception, se composait initialement de quarante panneaux, délimités par un motif de tresse. Seuls vingt-sept sont aujourd’hui conservés. Chaque scène est soigneusement ordonnée autour des quatre panneaux qui formaient à l’origine le centre de la composition et qui représentent, sous des traits d'une vieille femme et d’enfants, les quatre saisons : l’hiver, frileusement drapé dans un manteau bleu, est assis sur un sanglier [ détail b ] ; le printemps, couronné de feuillage, chevauche un taureau [ détail c ] ; l’été, sur le dos d’un lion, tient une couronne de blé mûr [ détail d ] ; l’automne, à califourchon sur une panthère, porte une corbeille de raisins sur sa tête [ détail e ].
Neuf activités par saison
Chaque série illustre les différentes activités, agricoles et religieuses, qui rythment les mois de la saison concernée, d’où le nom de calendrier. En hiver, on sème les fèves [ détail f ], on effectue le transport du fumier [ détail g ], on sacrifie aux lares, dieux protecteurs du foyer. Au printemps, on observe l’arrivée des cigognes. En été, on sacrifie au dieu gaulois Taranis en prévision des moissons. L’automne est le temps des vendanges [ détail i ], celui du foulage du raisin [ détail h ] et de la cueillette des olives. Parce que la plupart de ces activités sont liées au monde rural et aux travaux des champs, on qualifie de « rustique » ce type de calendrier. Le choix de représenter certaines activités, comme la cueillette des olives, témoigne de l’inspiration romaine. L’olivier n’était pas, en effet, cultivé dans la région de Vienne, mais était en revanche caractéristique de l’agriculture méditerranéenne. À Vienne, l'huile était importée d'Espagne.
Un témoin de la romanisation
Plus encore que le sujet, la technique de la mosaïque constitue en elle-même le signe de la profonde romanisation de la région de Vienne à l’époque gallo-romaine. L’intégration dans le monde romain passait en partie par l’adoption d’un nouveau style de vie, notamment dans la forme de certaines demeures urbaines, comme la domus et son décor. Le Calendrier rustique, qui provient d’une villa située dans un quartier résidentiel de Vienne, en est un bon exemple. La mosaïque était en effet traditionnellement utilisée par les Romains les plus aisés pour recouvrir le sol et parfois les murs de leur villa. Elle atteste toujours le haut niveau de vie d’un propriétaire. Si les Romains n’en sont pas les inventeurs, ce sont eux qui en ont perfectionné la technique et en ont répandu l’usage dans tout l’empire. Le thème central de la mosaïque de Saint-Romain-en-Gal, celui des saisons, est d’ailleurs assez courant dans le monde romain. On le retrouve par exemple sur une mosaïque plus tardive, conservée au Louvre, provenant d’Antioche, en Turquie, alors sur les bordures orientales de l’empire [ image 1 ].
L’appropriation d’une technique raffinée par les Gaulois
La mosaïque de Saint-Romain-en-Gal témoigne de la manière dont les habitants de la Gaule romaine ont su s’approprier une technique nouvelle et sophistiquée. Elle se distingue en effet par une riche polychromie obtenue par des tesselles de couleurs et de nuances variées. Les dégradés de couleur permettent de rendre les volumes. En outre, les figures apparaissent souvent solidement campées sur le sol, grâce à la notation de leur ombre portée. Cette œuvre permet de mesurer aussi la manière dont les mosaïstes viennois ont créé leur propre style provincial et original, en s’éloignant des traditions gréco-romaines naturalistes : les raisins sont trop gros sur la treille [ détail i ] et les bâtiments tous stéréotypés. On observe aussi des vêtements gaulois caractéristiques, comme le manteau à capuche, le cucullus [ détail g ].
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Christine Vève
Publié le 25/08/2011
Ressources
La Vienne gallo-romaine
Un site pour tout savoir sur les villas gallo-romaines
Une présentation des collections du musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal
Une synthèse sur la mosaïque
http://www.grandpalais.fr/fr/article/lhistoire-de-lart-par-techniques
Une vidéo sur la mosaïque
http://www.canal-educatif.fr/videos/art/20/mosaiquecalendrier/mosaique-calendrier-agricole.html
Une vidéo sur la restauration de la mosaïque de Penthée à Nîmes sur le site de l'Inrap
Une vidéo sur l'interprétation iconographique de la mosaïque de Penthée découverte à Nîmes sur le site de l'Inrap
Glossaire
Mosaïque : Art qui consiste à réaliser de grands panneaux décoratifs, à l’aide d’une multitude de petits cubes (tesselles) de divers matériaux (pierre, céramique, verre) et de diverses couleurs, disposés sur un enduit. C’est un décor privilégié sur les sols et les murs des grands édifices publics et des riches demeures.
Villa : Terme utilisé dans l’Antiquité romaine pour désigner un domaine rural (villa rustica) ou une riche demeure proche de la ville (villa suburbaine).
Gallo-romain : Pour la France, l’époque gallo-romaine est la période qui va de la conquête de la Gaule par Jules César (52 av. J.-C.) à celle des Francs (Ve siècle).
Tesselles : Petits cubes en pierre, céramique ou verre, d’environ un centimètre de côté et de couleurs variées, insérés dans un mortier pour former des panneaux décoratifs. On l’a déjà, mais cette définition me semble plus complète.
Domus : Nom donné à la maison individuelle dans l’Antiquité romaine.