Butor et perdrix gardés par un chien blanc Oudry Jean-Baptiste

Butor et perdrix gardés par un chien blanc

Commande de Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé

Dimensions

H. : 120 cm ; L. : 169 cm

Provenance

Technique

Peinture

Matériaux

Huile sur toile

Datation

1747

Lieu de conservation

France, Paris, musée du Louvre

Simple peinture animalière ou rappel d’un plaisir princier ?

La peinture animalière, dont Jean-Baptiste Oudry est l'un des maîtres, suscite un véritable engouement au XVIIIe siècle. Dans ce tableau image principale, un chien, assis au pied d'un arbre, surveille le produit de la chasse de son maître : un grand échassier et une perdrix. La scène, plongée dans la pénombre, n'est éclairée qu'au centre par un faisceau de lumière.

La chasse aux oiseaux est particulièrement appréciée car elle ne nécessite pas de meute, mais un fusil et quelques chiens d'arrêt pour lever le gibier. La chasse au butor, grand échassier et espèce aujourd'hui protégée, se pratiquait plutôt à la tombée de la nuit. La gamme colorée, composée de bruns, de gris et de blancs sur un ciel bleu ardoise, évoque donc ce moment de la journée.

La peinture animalière, un genre qui s'affirme

Oudry n'est pas le premier artiste à introduire la peinture animalière à la Cour de France : Pieter Boel image 1 et François Desportes image 2 l'avaient précédé sous Louis XIV et Louis XV. Si Desportes, en reprenant la tradition flamande des natures mortes et des peintures d'animaux du XVIIe siècle, en avait fait un sujet à part entière, Oudry renouvelle cependant le genre. Son sens de la dramaturgie, le dynamisme de ses compositions et la virtuosité de sa technique lui permettent d'être rapidement nommé « peintre ordinaire de la Vénerie royale » (c'est-à-dire des chasses) de Louis XV, ce qui fait de lui un rival de Desportes, « peintre d'animaux » à la Cour.

Le roi et la chasse

Passionné de vénerie, Louis XV commande à Oudry, pour le château de Compiègne, les cartons pour la Tenture des chasses. Sur ordre du roi, l'artiste suit plusieurs chasses au cerf. Cette faveur, rarement accordée à un peintre, conduit Oudry à se représenter au bas de la dernière scène du cycle, Les Rochers de Franchard, forêt de Fontainebleau, représentant l'hallali du cerfimage 3.

La chasse a toujours fait partie des prérogatives royales. Rituel monarchique, entraînement à la guerre et plaisir du souverain, cette activité occupe Louis XV deux à trois fois par semaine, voire tous les jours lorsque la Cour est à Fontainebleau ou à Compiègne. Ce goût pour la chasse et ses plaisirs se retrouve dans la décoration des appartements des résidences royales image 4.

Du succès à la vente par correspondance

Les fonctions officielles d'Oudry auprès du roi lui permettent d'obtenir un atelier aux Tuileries, près des galeries du Louvre où logent de nombreux artistes de l'administration royale. C'est là, au cœur de l'ancien palais royal, au centre d'une capitale cosmopolite, qu'Oudry reçoit ses clients.

Les sujets de chasse suscitent, au XVIIIe siècle, l'engouement de l'aristocratie française et étrangère. Pour satisfaire les Cours européennes, particulièrement allemandes et scandinaves, Oudry leur envoie une liste des œuvres à vendre. Il met ainsi en place l'un des premiers réseaux de vente de tableaux par correspondance.

Un tableau pour un prince étranger

C'est le grand-duc de Mecklembourg-Schwerin qui, au cours d'une visite d'atelier, achète la toile Butor et perdrix gardés par un chien blanc. Grand amateur d'Oudry, il achète quarante-quatre tableaux du maître en vingt ans. Louis Gougenot, qui rédige une biographie d'Oudry en 1761, rappelle : « La réputation de M. Oudry augmentait de jour en jour, il fut bientôt connu de l'étranger. Le prince de Mecklembourg fit bâtir une galerie dans son palais de Schwerin pour y placer ses ouvrages. » Ce tableau, saisi en 1806 à Schwerin par les troupes de Napoléon, n'a pas été restitué après 1815.

Le talent d'Oudry et ses inventions picturales en font une figure majeure du xviiie siècle. Il inspire les créations de son ami l'orfèvre Roëttiers pour le duc de Bourbon image 5 et accède à d'importantes fonctions au sein des manufactures de Beauvais et des Gobelins.

Cécile Galinier

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/butor-et-perdrix-gardes-par-un-chien-blanc

Publié le 25/07/2018

Ressources

Le site du musée de la Vénerie à Senlis

http://www.musees-senlis.fr/

Un texte sur Desportes, rival d’Oudry, sur le site des Archives nationale, permettant d’éclairer le développement des peintures animalières à la Cour de France

http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/recueil-2011/beaux-arts-musique-et-cinema/francois-desportes

Glossaire

Nature morte : Représentation d’objets, de végétaux, de nourriture ou d’animaux sans vie.

Composition : Manière de disposer des figures, des motifs ou des couleurs dans l’élaboration d’une œuvre.

Orfèvre : Artiste ou artisan spécialisé dans le travail des métaux précieux.

Carton : Grand dessin qui sert de modèle pour la réalisation d'œuvres d’envergure : peintures, vitraux et tapisseries.

Tenture : Ensemble de plusieurs tapisseries, formant un cycle autour d’un thème central.