Christ de descente de croix

Christ de descente de croix

Auteur

Dimensions

H. : 155 cm ; L. : 168 cm ; Pr. : 30 cm

Provenance

France, Bourgogne

Technique

Sculpture, Polychromie

Matériaux

Tilleul (bois), Aulne (bois)

Datation

1125-1150

Lieu de conservation

France, Paris, musée du Louvre

Comment cette œuvre majeure et unique de la sculpture romane est-elle entrée au Louvre ?

Ce Christ en bois monumental image principale est l’un des chefs-d’œuvre de la sculpture romane du Moyen Âge français. Il se dégage une souffrance contenue de cette très belle sculpture anonyme.

Une image du Christ mort

Ce Christ de plus de 900 ans appartenait à un groupe sculpté fréquent dans l’Occident méditerranéen (Italie, Espagne), mais dont on conserve peu d’exemples en France. Le sujet de la Descente de croix montre le moment où le Christ mort est détaché de la croix après son supplice. Le Christ Courajod est presque complet image principale, hormis son bras gauche détail b et une partie des pieds qui ont été refaits. Sa tête est inclinée vers son bras droit et légèrement fléchie. Ses grandes paupières sont closes et son visage, empreint de sérénité, ne montre pas la souffrance d’un supplicié détail c.

Une couronne sculptée dans le bois et ornée de six cabochons, aujourd’hui disparue détail d, associait le Christ à un roi. La tête a été retaillée ultérieurement pour y insérer une couronne d’épines, illustration d’un Christ souffrant plus proche de l’idéal gothique.

Au revers, au niveau du périzonium, une cavité a été pratiquée, sans doute pour recevoir une relique. Mais également pour « dégarnir » le bloc de bois et permettre des mouvements dus aux changements de température et d’hygrométrie. Ces variations, sur un bois massif de grand format, entraînent des fissures et des craquelures de surface. De très nombreuses sculptures de bois, même profanes, sont ainsi évidées.

Dans cette étape de la Passion, on représente généralement le Christ entouré de personnages, aujourd’hui disparus dans le cas du Christ Courajod : Nicodème et Joseph d’Arimathie qui le descendent de la croix, Marie sa mère, saint Jean son ami, parfois aussi Marie-Madeleine et les saintes femmes, les larrons – c’est-à-dire deux brigands crucifiés avec Jésus –, ou encore un ange. L

es Descentes de croix en bois polychromé de la période romane qui sont complètes sont rares dans les pays chrétiens image 1 image 2, et inexistantes en France ; mais il existe un autre exemple de Christ appartenant à un groupe : celui de Lavaudieu image 3 image 4 image 7.

Un chef-d’œuvre de la Bourgogne romane

La statue a été sculptée et peinte dans deux essences de bois (aulne et tilleul) avec talent et sensibilité. La technique de coloration suit les méthodes du moine Théophile. Une « préparation blanche composée de plâtre ou de craie très finement pilée et agglutinée avec de la colle » est appliquée sur le bois. Les couleurs sont posées à la détrempe. Des traces de polychromie* sont encore visibles. On peut distinguer du rose très pâle pour la carnation détail d, du bleu (lapis-lazuli) pour le drapé détail e, du rouge pour les gouttes de sang dans la main droite détail f et du brun pour la chevelure détail d.

L’anatomie est traitée de façon graphique et stylisée pour montrer les côtes, les pectoraux et le nombril. La barbe et la moustache, gravées en lignes terminées par des petites boucles, sont marquées par ce goût d’un graphisme répétitif détail g. Le long périzonium présente des plis doubles typiques de la Bourgogne romane. Son drapé à petits plis fins et parallèles dessine des arcs, des cercles et des éventails détail h détail g. Si l’on ne connaît pas l’origine de ce Christ, son style le rapproche des tympans d’Autun image 5 et de Vézelay image 6 en Bourgogne image 7.
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Une restauration délicate

Entre 2007 et 2011, le Christ Courajod a été restauré par le C2RMF, le Centre de recherche et de restauration des musées de France. Une intervention prudente a concerné sa polychromie. Les repeints plus ou moins anciens, les enduits et dorures obscurcis et écaillés avec le temps ont été allégés. Cette opération délicate a révélé une grande finesse dans le traitement de la couleur d’origine, de l’époque romane. Des traces de dorures (barbe, cheveux, plis) sont encore lisibles.

Un don au Louvre

Louis Courajod, collectionneur puis premier conservateur des sculptures du Louvre, et professeur à l’École du Louvre en 1882, prête ce Christ de Descente de croix, dont il a fait l’acquisition, pour l’Exposition de 1878 à Paris. Les sculptures romanes ne sont pas au goût du jour, et cette sculpture n’intéresse pas. N’ayant pu faire acquérir le Christ par le Louvre, Courajod l’a acheté, puis offert quelques années plus tard au musée. L’œuvre, par sa beauté et sa rareté, a pris une place majeure au sein du département des sculptures du Louvre, et dans la section de l’époque romane. En hommage à son donateur, elle porte désormais son nom.

Les témoignages de bois datant de la période romane sont rares. Plus fragiles que la pierre, ils sont maltraités par le temps. Cette réalité rend plus précieuse encore cette sculpture du Louvre.

Mots-clés

Marie-Bélisandre Vaulet-Lagnier

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/christ-de-descente-de-croix

Publié le 01/07/2025

Ressources

La notice de l’œuvre sur le site web du Musée du Louvre

https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010093444

La restauration du Christ Courajod, un article de la revue "Techné"

https://journals.openedition.org/techne/12085?lang=en