Étendard royal d’Ur

Étendard royal d’Ur

Auteur

Dimensions

H. 21,7-22 cm ; L. 50,4 cm ; P. 5,6-11,6 cm

Provenance

Irak, Ur, cimetière royal

Technique

Mosaïque

Matériaux

Bois, Nacre, Calcaire rouge, Lapis-lazuli, Bitume

Datation

Vers 2600 av. J.-C.

Lieu de conservation

Royaume-Uni, Londres, British Museum

Quelle était la fonction de cet objet ? Que nous apprend-il sur la civilisation sumérienne ?

Aujourd'hui conservé au British Museum, à Londres, cet objet image principale a été découvert entre 1927 et 1928 par sir Leonard Woolley image 1, lors des fouilles archéologiques du cimetière royal de la cité d'Ur (actuelle Tell al-Muqayyar, en Irak) image 6. Ce véritable trésor de la civilisation sumérienne nous livre un impressionnant témoignage de l'art de la mosaïque d'incrustation sur bois du IIIe millénaire avant notre ère.

La cité royale d'Ur

La civilisation sumérienne naît au IVe millénaire avant notre ère, dans la partie méridionale de la Mésopotamie antique (actuel Irak). Elle développe la première organisation politique, les Cités-États, et invente l'un des premiers systèmes d'écriture, le cunéiforme.

Durant la période dite des Dynasties archaïques (environ 2900-2340 av. J.-C.), la Basse Mésopotamie est composée de plusieurs Cités-États. L'une des plus puissantes est la cité royale d'Ur image 2, dans le cimetière de laquelle cet objet a été découvert.

La guerre et la paix

Sorte de pupitre en bois, l'étendard d'Ur est composé de quatre faces. Les deux plus petites, de forme trapézoïdale, sont en mauvais état de conservation. Les deux autres, communément appelées face de la Guerre et face de la Paix, sont rectangulaires elles présentent chacune trois registres, séparés les uns des autres par une frise de losanges incrustés et se lisant de bas en haut et de gauche à droite.

Sur la face de la Guerre image b, le registre inférieur montre quatre chars attelés à des équidés, transportant chacun un conducteur à l'avant et un soldat à l'arrière, écrasant l'ennemi image d. Le registre médian présente quant à lui l'infanterie lourde en action : les fantassins, portant des casques et de lourdes capes clouées, pointent leurs piques vers des prisonniers dénudés. Enfin, le troisième registre se démarque des autres car la lecture converge vers le personnage central, plus grand que les autres : le lugal vainqueur. À sa droite se tiennent des prisonniers et, à sa gauche, des membres de la Cour, dont deux serviteurs gardant son char.

Sur la face de la Paix image c, les deux registres inférieurs représentent un défilé d'hommes et d'animaux divers, accompagnés d'orants. Le registre supérieur montre quant à lui une scène de banquet : à l'extrême droite se trouve un homme jouant de la lyre à caisse de résonance et, derrière lui, un chanteur debout image e. Des convives, assis sur des tabourets et tenant chacun un gobelet, sont tournés vers le lugal portant le kaunakès image f.

Une signification imprécise et une fonction inconnue

On ignore si cet ensemble de scènes fait référence à un événement historique précis. L'opinion la plus couramment admise propose d'y voir la représentation d'une guerre (malheureusement non identifiée aujourd'hui) et du banquet qui s'ensuivit. Une autre hypothèse présente l'étendard comme un témoignage symbolique des deux principales fonctions du roi sumérien : défenseur de la cité et roi-prêtre. Cet objet aurait alors joué un rôle dans la propagande royale. Couplée aux objets archéologiques exhumés à Ur image 4, l'iconographie de l'étendard nous apporte de précieux détails sur la place du char et de l'infanterie lourde dans les guerres sumériennes.

Aujourd'hui, après une considérable restauration, la véritable fonction de cet objet reste inconnue. Il a été retrouvé près de l'épaule du défunt qu'il accompagnait, d'où son identification comme un étendard qui aurait été monté sur un mât. Depuis, cette hypothèse a été écartée. Pour certains, il pourrait s'agir de la caisse de résonance d'un instrument de musique des lyres ont en effet été découvertes dans les tombes des souverains d'Ur image 5.

L'art de la mosaïque d'incrustation

Sur l'étendard d'Ur, l'abondance de détails, parfois de taille minuscule, illustre parfaitement la haute compétence atteinte par les mosaïstes des ateliers d'Ur. Les divers motifs, découpés dans de la nacre ou dans du calcaire rouge, comme pour les taureaux et les chars, ont été insérés dans un fond d'éclats de lapis-lazuli. Tous les éléments ont ensuite été collés avec du bitume sur le cadre de bois.

Véritables prouesses artisanales, les panneaux de bois à frises de mosaïques incrustées étaient très prisés en Mésopotamie. On connaît aujourd'hui d'autres frises que celle d'Ur, malheureusement incomplètes, découvertes sur le site de Mari image 3image 6.

Reconsitution de la cité-Etat d'Ur

Émilie Declercq

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/etendard-royal-dur

Publié le 16/11/2021

Ressources

L’article de l’encyclopédie Larousse sur la cité d’Ur

https://www.larousse.fr/encyclopedie/ville/Our/136594

L’article de l’encyclopédie Larousse sur la civilisation sumérienne

https://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Sumer/145506

Glossaire

Orant : Personnage représenté en prière.

Kaunakès : Jupe à longues mèches imitant les poils d’animaux caractéristique de la Mésopotamie.

Lugal : Titre porté par le roi sumérien.

Mésopotamie : « Le pays entre les fleuves ». Nom donné par les Grecs dans l’Antiquité à la plaine située entre le Tigre et l’Euphrate. Cette région correspond à l’Irak et à une partie de la Syrie actuels.

Sumériens : Peuple de l’Antiquité habitant le pays de Sumer, dans le sud de l’actuel Irak. À la fin du IVe millénaire av. J.-C., les Sumériens inventent l’écriture cunéiforme et fondent les premières villes, dirigées par un roi qui cumule les fonctions politique, religieuse et militaire.

Mosaïque : Art qui consiste à réaliser de grands panneaux décoratifs, à l’aide d’une multitude de petits cubes (tesselles) de divers matériaux (pierre, céramique, verre) et de diverses couleurs, disposés sur un enduit. C’est un décor privilégié sur les sols et les murs des grands édifices publics et des riches demeures.