Grotte de Lascaux

Grotte de Lascaux

Salle des Taureaux, le cheval noir et rouge

Auteur

Dimensions

Provenance

Technique

Peinture pariétale

Matériaux

Datation

Paléolithique, vers 17 000 av. J.-C.

Lieu de conservation

France, Montignac-Lascaux, grotte de Lascaux

Des gamins « inventent-ils » Lascaux ? Les hommes préhistoriques, premiers artistes ?

La grotte de Lascaux, en Dordogne, est un ensemble composé de salles et de galeries souterraines dont plusieurs secteurs sont ornés de peintures murales que l'on situe généralement entre 20 000 et 17 000 av. J.-C. Sa découverte est l'une des plus déterminantes pour la connaissance de l'art pariétal de la période du Paléolithique.

Quatre adolescents projetés dans la légende

Le 8 septembre 1940, des adolescents se promènent dans les bois de Lascaux quand leur chien disparaît dans un trou. L'un d'eux descend pour le récupérer et découvre un passage étroit qui semble ouvrir sur une grotte [ image principale ]. Il revient quatre jours plus tard avec trois copains pour l'explorer. Ces jeunes gens, les premiers à entrer en ces lieux depuis près de 20 000 ans, découvrent Lascaux. À la lueur des lampes, ils sont saisis d'admiration devant les dizaines de figures animales qui semblent galoper autour d'eux. Ils viennent de pénétrer dans la salle des Taureaux, une pièce en forme de rotonde, la plus importante et la plus représentative de la grotte.

Un art animalier, typique de la Préhistoire

La salle des Taureaux doit son nom aux quatre immenses aurochs (sorte de taureau sauvage) qui s'y trouvent peints. Mesurant jusqu'à 5 mètres de long, ils dominent deux troupeaux qui se rejoignent et regroupent une trentaine d'animaux plus petits, enchevêtrés et superposés les uns aux autres : d'autres taureaux, des chevaux, des cerfs… caracolant dans une cavalcade bien organisée. Toutes ces figures sont peintes à plus de 2 mètres au-dessus du niveau du sol, entre une corniche naturelle et le plafond.

Chacune des deux parois de cette salle exceptionnelle a été dénommée en fonction des animaux représentés. D'un côté, le « panneau de la Licorne » [ détail b ], où l'on observe à l'extrême gauche un drôle d'animal, non identifiable, au corps tacheté et aux longues cornes parfaitement rectilignes [ détail c ]. De l'autre côté, le « panneau de l'Ours » [ détail d ], où le poitrail noir d'un des taureaux est venu recouvrir en partie la peinture d'un petit ours dont on distingue surtout les oreilles et une patte griffue [ détail e ]. C'est la seule trace d'un ours représenté à Lascaux.

Par leur sujet, les peintures de Lascaux sont particulièrement représentatives de l'art préhistorique, car il s'agit d'un art essentiellement animalier, où l'homme et la végétation sont rarement représentés. Les animaux les plus figurés correspondent aux bêtes les plus présentes dans l'environnement des hommes préhistoriques.

Des chasseurs ingénieux

Avant d'être des artistes, les peintres de Lascaux étaient des chasseurs nomades, vivant en symbiose avec la nature. La chasse leur donnait l'occasion d'observer les animaux en mouvement ou au repos. C'est uniquement de mémoire qu'ils les dessinaient ensuite. Cela explique que certains détails anatomiques soient si peu réalistes, comme les sabots des aurochs, ou que d'autres soient juste esquissés comme ceux des chevaux.

Pour peindre dans la grotte au-dessus de la corniche, les hommes de la Préhistoire y ont transporté des troncs d'arbre, grossièrement dégrossis, dont les branches assez solides ont pu leur servir d'échelles. Pour s'éclairer, ils ont utilisé des lampes à graisse et des torches. Pour fabriquer la peinture, ils ont trouvé dans les environs de la grotte des pigments présents dans certaines roches : des oxydes de fer provenant de l'ocre pour les rouges et les jaunes, et des oxydes de manganèse pour le noir. Réduits en poudre puis liés avec de l'eau, ces pigments étaient appliqués directement sur la paroi avec un pinceau, un tampon, les doigts ou même soufflés avec la bouche, un morceau de cuir ou la main pouvant alors servir de pochoir.

Des artistes accomplis

À Lascaux, le travail sur les couleurs de certaines figures comme le cheval rouge et noir [ détail f ] du panneau de la Licorne est unique et particulièrement frappant. Sur cette figure, on observe aussi la technique de la réserve : elle permet de rendre les différents plans et d'inscrire les figures dans l'espace. En ménageant un « vide » par l'absence de pigment, les artistes de Lascaux souhaitent clairement créer une perspective et l'illusion de la troisième dimension.

On remarque également qu'ils ont recherché des effets en exploitant la configuration du lieu. La corniche naturelle évoque le sol sur lequel les animaux se déplacent. L'arrondi d'une bosse dans la paroi sert parfois à définir le contour de la croupe d'un animal. Tirer ainsi parti des irrégularités naturelles du lieu et du support illustre un procédé caractéristique de l'art préhistorique.

Un sanctuaire

La grotte de Lascaux n'était pas un simple abri mais plus certainement un sanctuaire, un espace sacré. Les animaux représentés jouaient un rôle essentiel dans la vie des chasseurs paléolithiques. On a longtemps pensé que cet art était lié à la chasse, voire à l'envoûtement des proies, pour en faciliter la prise. Mais les animaux qui sont peints ne sont pas forcément les plus chassés pour servir de nourriture. Ainsi les artistes de Lascaux ont surtout mangé du renne mais n'en ont représenté qu'un seul.

Si Lascaux n'a pas encore livré tous ses secrets, l'homme du Paléolithique a trouvé avec l'art le moyen de s'exprimer, de s'approprier l'espace et d'exister au-delà de la mort. La peinture de ce bestiaire nous touche parce qu'elle nous relie spontanément à nos ancêtres et nous fait prendre conscience que le propre de l'homme est aussi de créer.

Premier chef-d'œuvre de l'humanité, Lascaux mérite bien le titre de « chapelle Sixtine » de la Préhistoire, selon le titre du livre du photographe Fernand Windels publié en 1948 en lien avec l'abbé Henri Breuil, grand spécialiste de l'art des cavernes et le premier préhistorien à avoir visité et expertisé la grotte une semaine après sa découverte.

Christine Perney

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/grotte-de-lascaux

Publié le 17/10/2011

Ressources

Pour découvrir la Préhistoire

http://www.grandpalais.fr/fr/article/la-prehistoire

Pour une visite détaillée et commentée de la grotte de Lascaux

http://www.lascaux.culture.fr

Sur le site des Eyzies-de-Tayac

http://eyzies.monuments-nationaux.fr/fr/

Une présentation des techniques de l’art préhistorique

http://www.hominides.com/html/art/art.php

Muse - Le dossier pédagogique sur la grotte de Lascaux

https://www.grandpalais.fr/pdf/2.MUSE_Dossier_Pedago_GrottedeLascaux.pdf

Glossaire

Paléolithique : ou « âge de la pierre ancienne ». Première période de la Préhistoire qui, en France, s’étend entre 800 000 et 10 000 ans av. J.-C. environ. Elle est marquée par l’arrivée des premiers hommes : c’est l’époque des chasseurs-cueilleurs nomades.

Art pariétal : Décor réalisé sur une paroi rocheuse.

Ocre : Roche tendre composée d’argile, de quartz et d’oxyde de fer. C’est l’oxyde de fer qui lui donne une couleur plus ou moins foncée, pouvant aller du jaune au rouge.

Réserve : Technique qui consiste, en peinture et en sculpture, à ne pas travailler toute la surface. La partie non travaillée est laissée « en réserve ».

Perspective : Technique qui permet de représenter l’espace et les objets avec de la profondeur et des volumes sur une surface plane pour donner l’illusion de la troisième dimension.

Sanctuaire : Lieu ou édifice consacré à un culte. Le terme peut correspondre à différentes réalités selon les religions. Dans le monde grec antique, c’est un espace délimité, parfois très vaste, dédié à une divinité et comprenant l’autel pour les sacrifices, le temple et les offrandes. Dans le christianisme, il désigne plus particulièrement la partie de l’église située autour du maître-autel.

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