La mosquée des Omeyyades à Damas
Mosquée des Omeyyades
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Lieu de conservation
Pourquoi la mosquée des Omeyyades est-elle si importante ?
La mosquée des Omeyyades image principale, au centre de Damas image 2, n’est pas seulement la plus ancienne grande mosquée de type arabe conservée jusqu’à aujourd’hui. Elle est aussi, avec son minaret de Jésus et la tête de saint Jean-Baptiste qu’elle conserve, un lieu témoignant de la proximité des religions musulmane et chrétienne.
Une mosquée de 1300 ans
Damas, dans le sud de la Syrie actuelle, est née au IIIe millénaire avant J.-C., d’une oasis riche grâce au fleuve Barada. Au VIIe siècle, la première dynastie héréditaire de califes, les Omeyyades (661-749), la choisit comme capitale de l’Empire islamique.
Sa grande mosquée est construite, de 705 à 715, à la demande du calife al-Walid Ier. À son emplacement se trouvait un temple voué à Jupiter dans l’Antiquité romaine, puis une église chrétienne dédiée à saint Jean-Baptiste au IVe siècle.
Un incendie l’a partiellement détruite en 1893, mais elle présente encore de nombreux éléments anciens. Son plan détail b a fourni le modèle général de celui des mosquées ultérieures ; il est inspiré de la maison du prophète Muhammad à Médine (Arabie saoudite), bâtie autour d’une cour.
Une architecture musulmane
Les mosquées présentent généralement une cour précédant une salle de prière. Elles sont aussi surmontées d’un minaret, une tour du haut de laquelle le muezzin lance l’appel à la prière cinq fois par jour. La cour de la mosquée des Omeyyades est très vaste. Elle mesure 157 sur 97 mètres. Elle est entourée d’arcades en plein cintre (semi-circulaires) reposant sur des colonnes ou des piliers.
On y trouve la traditionnelle fontaine pour les ablutions détail c (avant d’aller prier, le musulman doit se laver le visage, les mains et les pieds), mais aussi un petit édifice octogonal couvert d’une coupole détail d qui aurait servi à conserver le trésor omeyyade.
La mosquée est surmontée de trois minarets se terminant tous par une fine tourelle coiffée d’un bulbe : au nord, côté cour, le minaret de la Fiancée, à base carrée, datant du IXe ou Xe siècle détail e ; au-dessus de la salle de prière, à l’ouest, le minaret octogonal de Qa’it Bay détail f, du nom du sultan mamelouk qui en a demandé la construction au XVe siècle, et, à l’est, le minaret carré de Jésus détail g : c’est là, dit-on, qu’au moment du Jugement dernier apparaîtra Jésus, considéré comme un prophète dans la religion musulmane.
Au centre du long mur sud de la cour, trois hautes arcades en plein cintre, surmontées de trois fenêtres et d’un fronton triangulaire, permettent d’accéder à la salle de prière détail h.
La salle de prière
L’intérieur de celle-ci, immense, mesure 136 mètres de long. Le plafond est soutenu par des colonnes corinthiennes (provenant de bâtiments antiques trouvés sur place), qui supportent des arcades en plein cintre outrepassées, surmontées elles-mêmes d’arcades plus petites. Comme dans toutes les mosquées, une niche dans un des murs, le mihrab, indique au fidèle la direction de La Mecque (la ville sainte de l’Islam, ville de naissance de Muhammad, en Arabie saoudite), vers laquelle il doit se tourner pour prier.
Dans la grande mosquée de Damas, le mihrab, décoré de marbre, est au milieu du long mur sud. À côté se trouve le minbar (chaire à prêcher), orné d’une marqueterie de pierre. Le large espace devant le mihrab est couvert par la coupole de l’Aigle, nom faisant allusion à sa grande hauteur.
Un petit monument construit à proximité conserverait l’importante relique de la tête de saint Jean-Baptiste, appelé Yahya par les musulmans, provenant de l’église autrefois au même endroit. Une autre tête est conservée dans la mosquée : celle d’Hussein, petit-fils de Muhammad, assassiné en Irak, à Kerbala, important lieu de pèlerinage chiite.
Suivant l’usage, les fidèles se déchaussent à l’entrée de la salle pour ne pas salir le sol recouvert de tapis. Pour la grande prière du vendredi, jour saint de l’islam, ils s’alignent en plusieurs rangées face au mihrab. Le guide de la cérémonie, l’imam, se place devant eux, accomplissant les gestes de la prière que tous effectuent en même temps que lui : d’abord debout, ils récitent leur profession de foi, puis ils s’inclinent et se prosternent. L’imam prononce aussi un prêche du haut du minbar.
Un décor en mosaïque
Bâtie sur un territoire appartenant encore, peu de temps auparavant, à l’Empire romain d’Orient, appelé aussi Empire byzantin, la mosquée a été élevée par des artisans locaux qui en ont perpétué les traditions artistiques [voir la Fiche Panorama sur la mosaïque de l’Impératrice Théodora ]. Un magnifique décor de mosaïques détail i couvre la partie supérieure de nombreux murs, la moitié basse étant revêtue de marbre blanc et gris. Les tesselles sont faites ici en verre, une spécialité syrienne, matériau brillant et transparent détail j. Certaines, dans lesquelles une feuille d’or a été insérée, sont posées de biais dans le mortier de fixation pour mieux accrocher la lumière. Elles constituent le ciel doré de paysages où se détachent des édifices entourés d’arbres image 1 : cyprès, oliviers, figuiers, abricotiers, poiriers, pommiers, aux fruits parfois faits de nacre détail k. Ils sont bordés par des ruisseaux réalisés en tesselles renfermant une feuille d’argent.
L’identification de ces paysages reste un mystère : autrefois considérés comme une représentation de Damas et du fleuve Barada, ils pourraient plutôt évoquer les villes de l’Empire omeyyade, ou même le paradis.
Ainsi, ces magnifiques mosaïques à fond d’or, issues d’une technique mise au point par les artisans chrétiens de l’Empire byzantin, sont la manifestation d’un art se perpétuant au sein des religions du Livre.
Mots-clés
Sylvie Cuni-Gramont
Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/la-mosquee-des-omeyyades-damas
Publié le 25/09/2023
Ressources
Page Wikipédia consacrée à la grande mosquée des Omeyyades
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Mosqu%C3%A9e_des_Omeyyades
Un article portant sur le site de la grande mosquée des Omeyyades de Damas, et sa restitution 3D dans le cadre de l’exposition « Sites éternels » au Grand Palais (14 décembre 2016 – 9 janvier 2017)
https://www.grandpalais.fr/fr/article/le-site-de-la-grande-mosquee-des-omeyyades-de-damas
Un article du magazine du projet Qantara sur les mosaïques de la grande mosquée des Omeyyades de Damas
https://www.qantara-med.org/public/show_document.php?do_id=775&lang=fr
Glossaire
Arcades en plein cintre : Arcade suivant la forme d’un demi-cercle
Arcade en plein cintre outrepassée : Arcade qui se prolonge de chaque côté au-delà du demi-cercle.
Chiisme : Branche importante de l’islam ne reconnaissant, comme successeurs du prophète Muhammad, que son gendre Ali et ses descendants.
Religions du Livre : Les trois religions se référant notamment à la Bible (judaïsme, christianisme, islam).
Tesselles : Petits cubes en pierre, céramique ou verre, d’environ un centimètre de côté et de couleurs variées, insérés dans un mortier pour former des panneaux décoratifs. On l’a déjà, mais cette définition me semble plus complète.
Calife : Chef spirituel et temporel dans le monde arabe, considéré comme le successeur du prophète Mahomet
Mamelouk : membres d’une milice formée d’esclaves affranchis au service de différents souverains musulmans, cette milice a occupé le pouvoir en Égypte et en Syrie. Pendant la campagne d’Égypte, une partie d’entre eux se rallient à Bonaparte et le suivent en France. En 1807, ils forment un escadron de la garde impériale.
Mihrab : Dans une mosquée, il s’agit le plus souvent d’une niche en forme d’abside vers laquelle les fidèles se tournent pour prier. Cet élément architectural indique la direction de la Mecque.