Le Régent
Diamant dit "Le Régent"
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Pourquoi ce diamant d’exception porte-t-il le nom de Régent ?
Le diamant dit le Régent image principale image b a été découvert en Inde, à Golconde image 8, à la fin du XVIIe siècle. Il sera dès lors l’objet de toutes les attentions : volé, caché, vendu et revendu, transporté en secret, proposé aux souverains d’Europe, acquis par le Régent de France en 1717, enchâssé dans la couronne du roi Louis XV… et à nouveau volé lors de la Révolution française ! Au moment de sa découverte, il est le plus gros diamant blanc au monde. Sa pureté et la qualité du travail de taille qui lui a donné vie font de lui une pierre fabuleuse. Il surpassait en beauté et en poids tous les diamants connus en Occident. Il est, à juste titre, considéré comme le plus beau diamant du monde. Depuis 1717, il accompagne les rois, les empereurs et l’histoire de France.
La route des Diamants
Les diamants sont connus depuis plus de 4 000 ans en Inde. On leur prêtait le pouvoir de protéger contre le mal. Objets de spéculation, leur exploitation est réglementée par l’empereur des Indes dès le IVe siècle av. J.-C. Alexandre le Grand importe le premier des diamants en Occident. Les Grecs les appellent adamas (« invincible », « indestructible »), dont sera issu le terme «diamant». À partir du XIIe siècle, les pierres précieuses arrivent par la route de la Soie image 8 en France, à Rome et Venise, première ville diamantaire en Europe. Jusqu’en 1700, l’Inde demeure la seule source de diamants du monde. Les diamants restent bruts jusqu’au XIVe siècle. Ce sont les Vénitiens qui commencent la taille à facettes. En 1476, le joaillier Robert de Berquen utilise ce procédé pour trois célèbres diamants de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Les techniques de taille leur donnent désormais brillance et éclat.
Quelles sont les qualités requises pour un diamant d’exception ?
Quatre critères sont requis pour évaluer un diamant : la taille, la clarté, la couleur et le carat. La taille des diamants peut être en brillant, en baguette ou en poire. Le Régent, taillé en brillant avec de multiples facettes image principale, est exceptionnel par la virtuosité avec laquelle il a été travaillé. La clarté détermine la pureté de la pierre selon le nombre et la grosseur des inclusions de carbone. Le Régent n’a aucune inclusion : on parle d’un diamant pur. Certains diamants sont teintés (bleu, rose…). Le Régent est incolore, d’un blanc pur : on dit qu’il est de couleur « première eau ». Le carat indique le poids du diamant ; il correspond à 0,2 g. Le Régent pèse 28 g, soit 40 carats. En raison de son poids, il ne sera jamais porté au doigt. La pureté exceptionnelle et la taille parfaite du Régent lui donnent un grand pouvoir de dispersion : ses feux éclatent de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Une aventure de Golconde à Paris
Découvert en 1698 par un esclave, le Régent pesait à l’origine 426 carats, soit 85,2 g. Il est alors appelé Jamchand. Selon la légende, l’esclave le vole, s’enfuit à Madras et le vend à un marin anglais contre sa liberté. Le marin assassine l’esclave, vend pour 1 000 livres sterling le diamant à un marchand indien, qui le revend en 1702 pour environ 20 000 livres sterling à Thomas Pitt, gouverneur anglais de Madras, qui n’ignore pas que la pierre est volée. Robert Pitt, son fils, rapporte à Londres le plus gros diamant alors connu. Deux ans durant, le joaillier Harris taille le joyau en coussin brillant image principale image b. Celui-ci ne pèse plus que 140,5 carats (28,1 g). Il change de nom : de Jamchand, il devient le Grand Pitt.
Thomas Pitt le propose à plusieurs souverains européens, mais aucun n’accepte de payer le prix faramineux demandé. Même Louis XIV renonce à l’acquérir. Finalement, en 1717, le duc de Saint-Simon conseille à Philippe d’Orléans, dit le Régent, d’acheter le diamant pour 2 millions de livres françaises. Le diamant de Golconde intègre les collections de la Couronne de France, au côté de la Côte de Bretagne image 1, du Sancy image 2, du Diamant rose image 3 ou encore du Diamant bleu. On l’appelle le Millionnaire, puis le Régent de France et, enfin, le Régent.
En 1789, les joyaux de la Couronne sont transférés à Paris, au Garde-Meuble, qui sera ouvert au public en 1791 le lundi. Le Régent y est présenté. Il vaut alors 12 millions de livres. Du 11 au 17 septembre 1792, une bande de voleurs réalise le fric-frac du siècle en pillant le Garde-Meuble. Elle dérobe la quasi-totalité des joyaux. La chasse aux bijoux volés commence. En 1793, on retrouve le Régent caché dans la poutre d’un hôtel de la vieille ruelle de la Veule. En 1795-1799, pour financer les guerres de la Révolution, le Directoire met en gage auprès de banquiers berlinois et hollandais les pièces les plus prestigieuses, dont le Diamant bleu (appelé aujourd’hui le Hope), le Régent image principale et le Sancy image 2. Grâce à ses conquêtes, Bonaparte renfloue les caisses de l’État, dégage le Régent en 1801 et le fait sertir sur son épée de Premier Consul image 5. À la chute de Napoléon III, en 1870, les diamants sont cachés à Brest pour échapper aux Prussiens.
À partir de 1872, ils sont abrités dans les caves du ministère des Finances et parfois exposés au public (1878, 1884). En 1887, la loi d’aliénation des Diamants de la Couronne est votée. Hormis quelques pierres exceptionnelles image principale image 1 image 2, la totalité des bijoux est vendue du 12 au 23 mai 1887. Le Régent image principale entre au musée du Louvre. Il n’en sortira que pour être caché au château de Chambord de 1940 à 1945.
Le Régent, une parure du pouvoir
Le Régent image principale est la plus prestigieuse parure des rois et des reines de France. À 11 ans, Louis XV le porte pour la première fois en 1721 pour la réception de l’ambassade de Turquie. Le 25 octobre 1722, pour le sacre du jeune roi, il est serti sur la couronne image 4 avec le Sancy image 2. Dès 1729, les pierres précieuses empruntées sont restituées à leurs couronnes d’origine et remplacées par des copies. La couronne de Louis XV est déposée au trésor de l’abbaye de Saint-Denis. La reine Marie Leszczynska en garnit ses cheveux, le roi Louis XV le porte en épingle à son chapeau, tout comme le roi Louis XVI, alors que Marie-Antoinette l’utilise comme bijou. En effet, à cette époque, les pierres précieuses ne sont pas serties de façon définitive sur une monture d’orfèvrerie, mais sont adaptées à une tenue, un vêtement, une coiffure, une arme…
Après la Révolution française, sa fortune continue. Bonaparte considère cette pierre comme un talisman qui lui porte chance. Pour son sacre, en 1804, le Régent orne l’épée de Napoléon image 5, puis l’épée de 1806 image 6. Pendant la Restauration, Charles X le fait sertir sur sa couronne pour son sacre en 1825. On le retrouve ensuite sur celle de Napoléon III image 7. L’impératrice Eugénie l’utilise sur diverses parures, notamment le diadème grec. Le Régent brille aujourd’hui de tous ses feux dans la prestigieuse Galerie d’Apollon, au musée du Louvre.
Les Joyaux de la Couronne de France, d’hier à aujourd’hui
Marie-Bélisandre Vaulet-Lagnier
Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/le-regent
Publié le 19/10/2022
Ressources
Podcast - Les Enquêtes du Louvre : "Le Régent"
La notice du musée du Louvre
Les joyaux du Museum national d’histoire naturelle
Les diamants de la couronne de France
Les diamants, de la mine à la bague
https://www.cairn.info/revue-le-mouvement-social-2012-4-page-85.htm
Technique de la taille des pierres précieuses : exemple de la taille d’une améthyste
Glossaire
Carat : Unité de poids utilisée pour les pierres précieuses équivalant à 0,2 g, poids correspondant à celui d’une graine de caroubier.
Route de la soie : Terme créé au XIXe siècle par un géographe allemand pour désigner un réseau de routes qui, durant de nombreux siècles, a mis en relation commerciale l’Empire chinois et le monde occidental. La Chine a longtemps contrôlé une partie de la route terrestre avec ses différentes oasis, afin d’obtenir certains produits de luxe en échange le plus souvent de la précieuse soie chinoise.
Garde-Meuble : Magasin dans lequel est déposé le mobilier royal. Il est situé place de la Concorde, à Paris.
Regalia : Ensemble des instruments emblématiques d’une monarchie, servant lors de la cérémonie du sacre (instruments liturgiques, vêtements, insignes…). La couronne, le sceptre et la main de justice, insignes du pouvoir par excellence, en sont les principaux