Nature morte au magnolia Matisse Henri
Nature morte au magnolia
Auteur
Dimensions
H. : 74 cm ; L. : 101 cm
Provenance
Technique
Peinture
Matériaux
Huile sur toile
Datation
1941
Lieu de conservation
France, Paris, Centre Pompidou, musée national d’Art moderne
Un sujet expérimental
On appelle en français « natures mortes » les œuvres qui représentent essentiellement des objets, des fleurs coupées ou des animaux morts, à l'exclusion le plus souvent de la figure humaine et du vivant. En France, la nature morte devient à la fin du 19e siècle un sujet de prédilection chez de grands artistes comme Paul Cézanne image 1 , qui apprécie la liberté qu'elle lui donne d'organiser les formes et les couleurs à son gré sur la toile. Suivant sur ce point son aîné, Matisse peint régulièrement des natures mortes. Tantôt il s'inspire de Cézanne de manière très directe, tantôt il regarde aussi du côté des peintres hollandais, réputés pour exceller dans ce type de sujet. Ici, au début des années 1940, il livre une de ses natures mortes les plus dépouillées, mais aux accords de couleurs très réfléchis. Sur un fond rouge, Matisse place au centre de sa toile un chaudron en partie caché par un bouquet composé d'une fleur de magnolia entourée de feuillage. Autour, d'autres objets : un pot violet en forme de cafetière, un vase, un bouquet bleu, un coquillage.
Une apparente simplicité
Cette œuvre donne une impression d'immédiateté un peu naïve. Elle a pourtant demandé plusieurs mois de préparation au cours de l'année 1941, et quantité d'études préparatoires image 3 et image 4. Parti d'un amoncellement d'objets dans la tradition de certaines natures mortes hollandaises, Matisse aboutit à une composition très dépouillée. Chaque objet est réduit à une forme simplifiée, signe plus que description minutieuse, comme le chaudron, dont il ne reste pratiquement qu'un cercle. Tout se structure et s'organise autour du magnolia, qui rayonne au centre d'une couronne de feuillage magnifiée par l'auréole du chaudron. Les couleurs sont elles-mêmes soigneusement choisies, ce dont témoigne un dessin préparatoire avec des annotations de teintes. Au-delà de la représentation du réel, ce sujet confronte le spectateur à la peinture pure, à la puissance décorative et émotionnelle de la forme alliée à la couleur, indépendamment de toute narration.
Matisse : de la couleur avant toute chose
Depuis ses débuts, Matisse voue son œuvre à la couleur, dont il s'empare avec une liberté totale, sans toujours tenir compte de son rapport au réel. En 1905 à Paris, il se fait remarquer par des peintures aux teintes arbitraires et sauvagement contrastées image 5 , qui lui valent le qualificatif de « fauve » de la part d'un critique. Il ne cesse dès lors de s'interroger sur les possibilités d'associations entre couleurs et formes, qu'il explore en suivant plusieurs voies. Vers 1910, La Danse ne compte que trois couleurs et les anatomies y sont très simplifiées. Vers 1925 au contraire, dans Figure décorative sur fond ornemental image 6 , Matisse multiplie les alliances de teintes et assemble des formes très différentes les unes des autres. À partir de 1943, il compose des œuvres à partir de papiers teintés et découpés. Il dit lui-même « dessiner » et « sculpter » la couleur. Dans la série des Nus bleus image 7 de 1952, le volume des corps est défini par le seul contraste du bleu et du fond blanc. Matisse démontre ainsi la fantastique expressivité de la couleur, pourtant simplifiée à l'extrême.
Isabelle Bonithon
Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/nature-morte-au-magnolia
Publié le 09/10/2014
Glossaire
Nature morte : Représentation d’objets, de végétaux, de nourriture ou d’animaux sans vie.
Composition : Manière de disposer des figures, des motifs ou des couleurs dans l’élaboration d’une œuvre.