Plan-relief de Neuf-Brisach
Plan-relief de la ville de Neuf-Brisach
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À quoi servaient les plans-reliefs ? Que nous apprend le plan relief de Neuf-Brisach sur le système de fortification mis au point par Vauban ? Pourquoi le nom de Vauban est-il si célèbre aujourd’hui ?
Entre la fin du XVe et le XVIe siècle, l'artillerie progresse avec l'apparition du boulet métallique. L'art de la guerre est bouleversé. Les stratégies militaires et la fortification doivent évoluer. Dans ce contexte, de grandes maquettes représentant les places fortes les plus stratégiques s'avèrent très vite utiles, voire nécessaires. Ce sont ces maquettes que l'on appelle les plans-reliefs. Celui de Neuf-Brisach en est un bon exemple [ image principale ]. Il représente une ville alsacienne, située aux confins de la France et de l'Allemagne, construite sur un terrain vierge à la fin du XVIIe siècle sous la direction de Sébastien Le Preste de Vauban (1633-1707), le grand ingénieur militaire et commissaire général des fortifications de Louis XIV.
Le plan-relief, un outil au service de la guerre
Mieux qu'une carte, la maquette d'une ville et de ses environs favorise la compréhension d'un lieu. Elle permet de donner au souverain et à ses généraux une idée fidèle de la topographie d'un territoire, de ses forces et de ses faiblesses, pour qu'ils puissent préparer un siège ou organiser une riposte. Louis XIV n'a pas été le premier à faire fabriquer ce type d'outil, mais nul autre avant lui n'avait créé une collection aussi importante. Une trentaine de plans-reliefs ont été réalisés sous son règne sur les conseils de Louvois, son ministre de la guerre.
Une œuvre d'ingénieur
Les plans-reliefs sont composés avec soin d'une multitude de matériaux, destinés à rendre compte de la manière la plus précise possible de la topographie d'une ville. Ils intègrent toutes ses composantes : ses fortifications, son urbanisme, ses principaux édifices [ détail b ]… Y sont aussi signalés tous les éléments qui forment le paysage environnant : les voies de communication, les champs, les vignes, les marais [ détail c ]… Ce souci d'exactitude répond à la nécessité de pallier les carences de la cartographie en usage au XVIIe siècle. Ces maquettes sont d'autant plus fidèles à la réalité qu'elles sont l'œuvre des ingénieurs militaires, ceux-là même qui procédaient à l'édification des fortifications.
Vauban et la fortification bastionnée
En Vénétie, au début du XVIe siècle, les tours circulaires médiévales sont remplacées par des bastions angulaires, constitués de terre. Cette première enceinte est protégée par une deuxième série de bastions qui fournissent des positions de tir supplémentaires et suppriment les angles morts. Cet ensemble forme la fortification bastionnée. C'est à Vauban que revient le mérite d'avoir perfectionné ce système au XVIIe siècle. Il multiplie notamment les obstacles, parfois invisibles, qui obligent l'ennemi à s'approcher et à se découvrir. Il complique ainsi l'organisation des sièges et en rallonge la durée. Les pertes humaines s'en trouvent diminuées.
Neuf-Brisach, qui compte parmi les dernières réalisations de Vauban, est parfaitement représentative de ce type de construction [ détail d ]. Le plan-relief constitue un précieux témoignage des travaux d'édification de la forteresse entre 1698 et 1706. D'autres, comme celui de Briançon [ image 1 ] ou de Château d'Oléron, réalisés à la même époque, permettent de mieux prendre la mesure des capacités de Vauban à adapter ses principes aux réalités diverses du terrain.
Neuf-Brisach, une cité idéale
L'emplacement de Neuf-Brisach dans une plaine, libre de toute contrainte topographique, donne à Vauban l'occasion de donner corps à ses idées les plus abouties. Considérée comme « la plus parfaite des places fortes », la ville est un bon exemple de cité idéale. Elle s'inscrit dans une tradition qui prend racine dans l'Italie de la Renaissance. Derrière son enceinte, les rues sont tracées de manière régulière autour d'un point central. La circulation est facilitée et les rassemblements sur la place d'armes sont favorisés.
Protéger le territoire
À la fin du XVIIe siècle, les guerres ne cessent de faire évoluer les frontières entre les différents états européens. C'est dans ce contexte qu'il faut replacer la création de Neuf-Brisach. Car son histoire est intimement liée aux suites du conflit qui oppose entre 1688 et 1697 Louis XIV à Guillaume d'Orange, chef des Pays-Bas, et ses puissants alliés, l'Espagne et le Saint-Empire. Le traité de Ryswick, qui met fin à cette guerre, fait perdre à la France les places situées sur la rive droite du Rhin. C'est alors que Vauban est chargé de fonder sur l'autre rive, face à Brisach, une ville nouvelle, protégée par une enceinte bastionnée, qui puisse contribuer à la défense de cette frontière.
Tout au long de sa carrière, Vauban supervise la construction ou l'adaptation de près de 160 places fortes. Il cherche à stabiliser les frontières du royaume par « une ceinture de fer » qui verrouille les passages vulnérables. Ce réseau de forteresses est particulièrement renforcé au nord-est où l'absence de barrière naturelle impose la création d'une double ligne de villes fortifiées se soutenant les unes les autres, délimitant le « pré carré ». Au XXe siècle, la ligne Maginot sera l'héritière directe de cette idée de défense de la frontière.
Vauban : un grand homme
Élevé par Louis XIV à la dignité de maréchal, Vauban [ image 2 ] est très tôt considéré comme un personnage exemplaire dont le talent rejaillit sur son pays. C'est à ce titre qu'il figure dans la série des Hommes illustres de la France commandée en 1776 par le directeur des Bâtiments du roi, le comte d'Angiviller. Dans les manuels scolaires, les exploits de l'ingénieur du roi se résument en une phrase : « Une ville assiégée par Vauban est une ville prise ; une ville défendue par Vauban est une ville imprenable. » Cette formule est parfaitement illustrée par la sculpture où sont mis en évidence l'armure, le canon et les tranchées de siège représentées à la fois sur le plan et la maquette.
De la stratégie militaire au patrimoine
La prestigieuse collection des plans-reliefs commencée par Louis XIV est enrichie par ses successeurs au gré des conflits. L'administration en réalise jusque sous le règne de Napoléon III. Mais dès les années 1870, ils perdent leur utilité. Longtemps exposée dans les résidences royales, la collection est transportée en 1777 dans les combles de l'Hôtel des Invalides. C'est là que ces pièces emblématiques de la poliorcétique, dessaisies de leur fonction militaire, constituent depuis 1943, le musée des Plans-Reliefs.
Sophie Radix
Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/plan-relief-de-neuf-brisach
Publié le 02/02/2012
Ressources
Le réseau des sites majeurs Vauban
Les fortifications de Vauban classé au Patrimoine mondial par l’Unesco
Site du musée des plans-reliefs
Sur l’estampe « Dans la ligne Maginot » dans le site « L’Histoire par l’image »
Sur le plan-relief de Mont-Dauphin dans le site « L’Histoire par l’image »
http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?m=plan%20relief&d=11&i=1212
Les plans-relifs sur le site de L'Histoire par l'image
Glossaire
Poliorcétique : Terme grec désignant les techniques de défense et d’attaque du siège des villes.
Saint Empire romain germanique : Partie orientale de l’empire de Charlemagne ou Germanie, devenue Saint Empire romain germanique sous le règne d’Otton Ier en 962. L’Empire regroupe, pendant dix siècles et dans sa plus grande extension, la majeure partie de l’Europe centrale sous l’autorité d’un empereur élu. Bien que la fonction ne soit pas héréditaire, les empereurs, à l’époque moderne, sont pour la plupart issus de la maison de Habsbourg.
Ligne Maginot : Inspirée par le ministre de la Guerre André Maginot, la ligne Maginot est un ensemble complexe de lignes de défenses érigées dans les années 1930, le long des frontières orientales de la France. Elle était destinée à protéger le pays d’éventuelles attaques venues d’Allemagne et d’Italie.