Chameau bâté et son chamelier

Chameau bâté et son chamelier

Auteur

Dimensions

H. 43,5 cm ; L. 36 cm

Provenance

Chine, province du Gansu, Langzhou

Technique

Sculpture, Polychromie

Matériaux

Terre cuite, Pigments, Fer

Datation

VIIe siècle

Lieu de conservation

France, Paris, musée Guimet, musée national des Arts asiatiques (MNAAG)

Pourquoi un chameau en Chine ? Que transporte-t-il ?

Ce chamelier monté sur son chameau image principale appartient au monde funéraire de la dynastie Tang (618-907).

Ce type de statuette en terre cuite était placé, parfois par centaines, dans les tombes de l'élite de l'Empire chinois de cette période. Les figurines étaient censées accompagner le défunt vers l'au-delà, en évoquant la société qui l'a entouré de son vivant : gardiens, militaires, dames de la cour, animaux familiers… Les chameaux y sont représentés, car ils étaient nombreux autour des marchés des grandes villes chinoises, les Tang contrôlant la Route de la soie image 3. Les objets réalisés durant cette période sont reconnaissables à certains thèmes caractéristiques (par exemple, le chameau qui évoque la Route de la soie) et leur traitement souvent hyperréaliste.

Un lourd chargement

Le chameau ici représenté est figuré debout, monté par un chamelier. Celui-ci, le regard souriant, fixe l'horizon image b. Il porte le costume des nomades de l'époque : pantalon, longue tunique et turban. À l'origine, il devait tenir des rênes en matériau périssable. Il est juché sur son bât, arrimé entre les deux bosses du chameau à l'aide de longues planches. L'animal est lourdement chargé de nombreux sacs de différentes tailles, d'une sorte de casserole à long manche d'un côté et d'un faisan de l'autre image c.

Une terre cuite réaliste

Ces figurines funéraires pouvaient être fabriquées en série grâce à des moules, mais les finitions étaient modelées à la main. Une fois cuites, elles étaient peintes à froid, révélant certains détails qui, malheureusement, se sont souvent effacés au fil du temps.

Les tombes de cette époque ont livré de nombreuses statuettes de chameaux, représentés debout, assis image 1, chargés ou non. Ceux figurés montés par leur chamelier restent cependant plus rares ils nécessitent en effet une intervention directe du potier qui modèle, au gré de son inspiration, le visage, la position des mains du chamelier, les différents fardeaux portés par l'animal. Ici, dans cette œuvre unique, tout a été fait pour accentuer le réalisme des deux figures : les poils du chameau, la courbe de son corps, les détails des divers ballots, la position du personnage et son expression fière et souriante.

Une évocation des caravanes de la Route de la soie

Par le soin apporté à son exécution, cette œuvre évoque de façon très vivante l'époque de sa création. Nous sommes autour de 650, à l'un des apogées de l'Empire chinois, sous la dynastie des Tang image 2. La richesse de celle-ci résulte en particulier du contrôle qu'elle a instauré sur les vastes routes commerciales de l'Asie centrale, longeant des déserts et reliant la Chine aux différentes régions de l'Ouest, appelées plus tardivement Route de la soie. Elles étaient empruntées le plus souvent par des caravanes de chameaux, chargés de différentes épices et de produits exotiques destinés à être vendus sur les deux marchés de la capitale de l'empire, Chang'an (actuelle Xi'an) image 2 image 3.

Le chameau ici figuré possède de longs poils sous son cou, permettant de l'identifier à un chameau de Bactriane image 3 ; présent en Asie centrale, cet animal résiste autant à la chaleur qu'au froid. De même, les détails du costume du personnage semblent le désigner comme un marchand en provenance des oasis de la Route de la soie, et peut-être plus précisément de l'oasis de Kucha image 3.

Le petit monde en terre cuite des tombes luxueuses de la dynastie Tang nous fait vivre cette période lointaine, où le commerce et les voyages mettaient en contact différentes parties du globe. Partir dans l'au-delà avec un chameau, c'était aussi être accompagné par l'animal qui représentait le monde des voyages et les richesses qui en découlent.

Vinca Baptiste

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/chameau-bate-et-son-chamelier

Publié le 31/03/2022

Ressources

La notice de l’œuvre sur le site du musée national des Arts asiatiques – Guimet

https://www.guimet.fr/collections/chine/chameau-bate-et-son-chamelier/

Glossaire

Chang’an : Située à l’Ouest de la Chine, Chang’an (« la paix perpétuelle ») est l’ancien nom de la ville de Xi’an. Ce site est celui de la capitale de l’Empire chinois pendant de nombreux siècles, en particulier sous la dynastie Tang (618-907).

Route de la soie : Terme créé au XIXe siècle par un géographe allemand pour désigner un réseau de routes qui, durant de nombreux siècles, a mis en relation commerciale l’Empire chinois et le monde occidental. La Chine a longtemps contrôlé une partie de la route terrestre avec ses différentes oasis, afin d’obtenir certains produits de luxe en échange le plus souvent de la précieuse soie chinoise.