Le Japonisme
Le Japonisme
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« Quatre ans venaient de suffire au Japon pour attirer toute la clientèle artistique de Paris », Émile Zola, Au Bonheur des dames, 1883.
Terme créé par le critique d’art Philippe Burty, le Japonisme désigne un mouvement d’une quarantaine d’années inauguré à la suite de l’ouverture du Japon par l’intervention du Commodore Perry (1853) et la découverte de l’art japonais par les occidentaux. Toutes les formes artistiques de la fin du XIXe siècle ont été touchées. Il est éclipsé au début du XXe siècle par l’engouement pour les arts d’Afrique et d’Océanie.
Dès les années 1860, le Japon de l'ère Meiji, jusqu'alors monde clos, s'ouvre à l'Occident. Sa participation aux Expositions universelles de Londres en 1862 et de Paris en 1867 puis 1878 illustre les accords politiques et commerciaux des gouvernements (1858 pour la France). Les récits de voyage ou articles de presse (notamment ceux de Zacharie Astruc en 1862), mais surtout la venue d'objets nippons (soieries, porcelaines, paravents, ivoires, laques, peintures) passionnent le commun des mortels et les collectionneurs, dont Philippe Burty, Théodore Duret et Edmond de Goncourt.
Presque aussitôt, formes et décors japonais inspirent à leur tour artisans, artistes et écrivains, et ce jusqu'à la Première Guerre mondiale. Qui n'a pas de décor japonais chez soi ! Les estampes japonaises particulièrement ont été l'objet d'un engouement extraordinaire. Elles ont contribué à faire connaître en Occident les noms d'Hokusaï, Hiroshige, Moronobu, Utamaro… À Paris, les marchands Siegfried Bing et Hayashi Tadamasa font fortune en organisant la recherche et l'importation de pièces rares. En 1889, l'École des beaux-arts de Paris présente une sélection de pièces anciennes (dont celles appartenant à Georges Clemenceau). En 1884, l'industriel voyageur et collectionneur d'art asiatique Émile Guimet fait don de ses fabuleuses collections à l'État et, en 1889, le musée Guimet est inauguré à Paris. C’est aussi à cette période que le magnifique fonds d'estampes de la Bibliothèque nationale est constitué.
Claude Monet en particulier est influencé par le goût pour le Japon. Il se constitue une collection d'estampes japonaises : à la fin de sa vie, cette collection comporte deux cent trente et une pièces. Les estampes vont aussi l'inspirer pour mener à bien la création de son extraordinaire jardin d'eau. Du Japon sont importés les végétaux indispensables au projet, dont les fameux nymphéas (ou nénuphars). Tout autour, le pont japonais, les saules, glycines, pivoines ou iris composent à leur façon l'ambiance japonaise du jardin de Giverny.
Les œuvres japonaises ont également profondément influencé le style des Nabis, dépassant la simple recherche d'exotisme. De l’art japonais, les peintres retiennent en effet la simplification des formes, le goût de la ligne sinueuse notamment pour les silhouettes, l’abandon de la perspective ainsi que l’amour des couleurs vives. Ils renouvellent aussi les formats, adoptant la longue bande verticale du kakemono. Les nabis reprennent aussi certaines thématiques propres aux ukiyo-e, ou « images du monde flottant », pour reprendre le terme japonais. Il s’agit de fixer des impressions fugitives, des moments de la vie quotidienne. Cet intérêt pour des instants de vie est ainsi l’une des spécificités du groupe, qui aime à représenter ses proches, amis ou famille, dans leurs environnements familiers, et pris dans des occupations qui peuvent sembler routinières mais font la toile de fond des existences.
Sources
Extraits des dossiers pédagogiques des expositions Hokusai, Claude Monet et Les Nabis et le décor.
Dossiers pédagogiques
Téléchargez le dossier pédagogique de l'expostion Hokusai qui a eu lieu au Grand Palais, Galeries Nationales du 1er octobre 2014 au 18 janvier 2015
Dossier pedagogique HokusaiTéléchargez le dossier pédagogique de l'expostion Monet qui a eu lieu au Grand Palais, Galeries nationales du 22 septembre 2010 au 24 janvier 2011
Dossier élève Dossier enseignantsTéléchargez le dossier pédagogique de l'exposition Les Nabis et le décor, qui a eu lieu au musée du Luxembourg du 13 mars au 30 juin 2019.
Dossier pédagogiqueVidéos
Glossaire
Estampe : Images obtenues sur un support papier par impression d’une planche de bois gravée (xylographie) ou d’une plaque de métal, voire d’une pierre dessinée (lithographie). La plaque de métal peut être travaillée selon différents procédés, mécanique (burin) ou chimique (eau-forte), qui définissent plusieurs types de gravure.
Exposition universelle : Présentation publique durant laquelle des produits de l’art et de l’industrie du monde entier sont exposés. La première a eu lieu à Londres en 1851.
Hokusai Manga : Séries de manuels de croquis de Hokusai destinés à servir de modèles à ses élèves et/ou à des artisans. Les premiers recueils de modèles pour apprentis de Hokusai sont édités en 1810, alors qu’il a cinquante ans. Il s’attache à cette production pendant une quinzaine d’années. Véritable encyclopédie, la série la plus célèbre comporte plus de 4 000 dessins en quinze volumes dont trois ont été publiés après sa mort.
Impressionnisme : Courant artistique regroupant l’ensemble des artistes indépendants qui ont exposé collectivement entre 1874 et 1886. Le terme a été lancé par un critique pour tourner en dérision le tableau de Monet Impression soleil levant (1872). Les impressionnistes privilégient les sujets tirés de la vie moderne et la peinture de plein air.
Nabi : Mot d’origine hébraïque signifiant « prophète ». Il désigne un groupe d’artistes postimpressionnistes, à la recherche d’une peinture nouvelle. Rassemblés à partir de 1888 autour de Paul Sérusier, les nabis partagent une esthétique faite de formes épurées, d’aplats de couleur, de contours, et parfois un certain sens du symbolisme et de la religiosité. Par ses écrits, le peintre Maurice Denis ne tarde pas à en devenir le théoricien. Sa formule, « un tableau […] est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées », traduit bien l’esprit de synthèse qui anime les nabis.
Ukiyo-e (« image du monde flottant ») : Apparu vers 1860, le terme désigne le courant de peinture réaliste né dans les quartiers de plaisirs d’Edo. Il dérive d’une tradition bouddhique pour laquelle « ukiyo » (« monde flottant ») évoque le côté fugitif, éphémère des plaisirs terrestres. Cette école, méprisée par l’aristocratie, finit par s’imposer parmi les seigneurs (daimyo).
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