Casque d'Amfreville

Casque d'Amfreville

Auteur

Dimensions

H. : 23 cm ; L. : 16,5 cm ; Pr. : 16 cm

Provenance

Lieu de découverte : France, Eure, Amfreville-sous-les-monts

Technique

Martelage, Repoussé (métal)

Matériaux

Bronze, Or (métal), Fer, Émail

Datation

IIIe siècle av. J.-C. - Second âge du fer, La Tène II

Lieu de conservation

France, Saint-Germain-en-Laye, musée d'Archéologie nationale

Un casque beau comme un bijou, pour un guerrier ? ou pour un dieu ?

Ce casque gaulois image principale a été découvert en 1841 dans un ancien bras de la Seine, à Amfreville-sous-les-Monts (Eure) image 5. Il gisait entre trois et quatre mètres de profondeur avec des débris d’armes en fer qui ne se sont pas conservés. Il date du second âge du fer (Ve-Ier siècle av. J.-C.), période d’épanouissement de la civilisation gauloise.

Une arme exceptionnelle

Les casques devaient faire partie de l’équipement courant des guerriers gaulois, à côté des épées, des lances et des boucliers. Mais la plupart devaient être en cuir, tout comme les cuirasses, et ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Les armes étaient souvent déposées dans les tombes des guerriers, ou offertes dans des lieux sacrés. Très peu de casques métalliques sont connus. Celui d’Amfreville, richement décoré, fait partie d’un tout petit groupe de ces objets d’apparat exceptionnels. Ces casques devaient être portés en des occasions solennelles par des personnes au statut social élevé. La forme de celui-là est presque hémisphérique image principale, légèrement étirée vers le haut détail b. Un couvre-nuque est fixé à l’arrière détail c. Le cimier et les protège-joues qui le complétaient ont disparu. Le caractère précieux de l’objet est apporté par la nature des matériaux employés (feuille d’or, émail rouge et bronze), la diversité des techniques mises en œuvre et le raffinement du décor.

Un travail d’orfèvre

Sur une base en bronze martelé a été fixé un décor en registres constitué d’éléments de fer, de bronze, d’or et d’émail rouge image principale. De haut en bas, ce décor comprend une résille de fer incrustée d’émail rouge avec un motif floral au sommet, des méandres et des cercles pointés d’or. Au centre, deux plaques de bronze travaillées au repoussé sont recouvertes de tôles d’or. Un rinceau de triscèles liés les uns aux autres en léger relief se déploie en une frise continue bordée de crosses et de grènetis détail d. En bas, on observe une résille de fer incrustée d’émail avec cercles et méandres. Celle-ci s’étend au couvre-nuque avec des motifs d’esses qui se succèdent en frise détail d.

Le « style végétal continu »

L’art gaulois ancien, qui s’épanouit du Ve au IIIe siècle av. J.- C., se caractérise par l’emploi de motifs d’inspiration végétale, comme la palmette d’origine méditerranéenne. Ces motifs sont d’abord juxtaposés et disposés en registres image 1. Puis ils s’enchaînent les uns aux autres dans un mouvement continu, d’où le nom de « style végétal continu ». Ces motifs curvilignes apparaissent d’abord à plat image 2 puis en léger relief image 3, comme sur notre casque du IVe siècle av. J.-C. Des spirales, des esses et des triscèles détail d se combinent de façon très complexe. On observe également un goût pour la couleur et les matières rares tels le corail rose image 1, l’émail rouge détail e et l’or. Au IIIe siècle av. J.-C., avec le « style plastique », ces mêmes motifs seront combinés de façon dynamique et en très fort relief.

Découvertes et naissance de l’archéologie gauloise

Lors de sa découverte en 1841, le casque d’Amfreville image principale semblait trop beau pour être gaulois, car on ne connaissait pas encore cette civilisation. Les Gaulois n’étaient connus qu’à travers les descriptions des Grecs et des Romains, qui les identifiaient à des « Barbares ». Ce regard a peu à peu changé avec l’archéologie et des découvertes spectaculaires. En 1872, le casque de Berru (Marne) image 2 image 5 est exhumé d’une tombe à char. En 1981, les restes d’un casque exceptionnel image 1 sont retrouvés dans une grotte à Agris (Charente) image 5. En 2004, c’est dans l’enceinte d’un sanctuaire à Tintignac (Corrèze) image 5 que sont mis au jour les vestiges d’une dizaine de casques associés à des armes. Le plus étonnant est celui en forme d’oiseau image 4. C’est bien en Gaule qu’ont été réalisés ces casques.

Quel usage pour ce casque ?

Ces casques splendides étaient des armes d’apparat. La complexité des décors suggère une pensée symbolique élaborée, à laquelle nous n’avons pas accès en l’absence de textes. Dans une société dominée par une aristocratie guerrière, on peut penser que ces armes renforçaient la puissance et le prestige d’un chef. Un casque gaulois retrouvé dans une tombe en Italie image 3 était peut-être un cadeau diplomatique. D’autres ont été offerts aux dieux après avoir été endommagés volontairement. Cela faisait partie des gestes rituels lors du sacrifice. Ces offrandes se faisaient souvent en milieu humide (marais, source, rivière), comme à Amfreville, selon une tradition connue dès l’âge du bronze.

Mots-clés

Cécile Andriot

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/casque-damfreville

Publié le 22/07/2025

Ressources

Notice de l’œuvre sur le site web du musée d’Archéologie nationale

https://musee-archeologienationale.fr/collection/objet/casque

Un dossier sur les Gaulois dans le journal en ligne du C.N.R.S.

https://lejournal.cnrs.fr/articles/qui-etaient-vraiment-les-gaulois

Un article paru dans "L’Archéologue" sur le casque d’Agris, œuvre de comparaison

https://www.agris.fr/images/articles/pdf/archologue.pdf

Le casque d’Agris en 3D sur le site web d'Alinor.org des musées de Nouvelle-Aquitaine

https://www.alienor.org/collections/oeuvre/48423-casque-casque-d-agris

Notice du casque de Berru sur le site web du musée d’Archéologie nationale

https://musee-archeologienationale.fr/collection/objet/casque-de-berru

Le site archéologique de Tintignac, brochure explicative de l'I.N.R.A.P.

https://www.inrap.fr/sites/inrap.fr/files/atoms/files/plaquette_le_sanctuaire_des_arenes_de_tintignac.pdf

L'Âge du fer, une chronologie explicative de l'I.N.R.A.P.

https://www.inrap.fr/l-age-du-fer-10233

Glossaire

Bronze : Alliage de cuivre (au moins 75 %) et le plus souvent d’étain. 

Celtes : Populations de l’âge du fer qui ont occupé une partie de l’Europe de l’Ouest, notamment la Gaule, dans la seconde moitié du premier millénaire avant J.-C. Leur culture s’efface peu à peu du fait de la conquête romaine, mais perdure dans les îles Britanniques jusqu’au début du Moyen Âge. Aujourd’hui encore, il en subsiste des traces.

Esse : Ornement en forme de S.

Fonte à la cire perdue : Technique de fonte inventée au début du IVe millénaire av. J.-C., qui consiste à remplacer la cire évacuée du moule par du métal en fusion. Pour ce faire, trois étapes sont nécessaires : – l’objet initial à mouler, réalisé en cire, est placé dans une gangue d’argile ; – la gangue d’argile est chauffée et la cire s’évacue par des canaux spécialement aménagés à cet effet ; – le métal fondu est introduit dans les creux ainsi obtenus par d’autres canaux prévus pour la coulée.

Grènetis : Décor de petits grains en relief que l’on observe sur le pourtour des monnaies et en frise pour décorer un objet.

Palmette : Motif décoratif végétal en forme de feuille stylisée.

Registre : Dans une œuvre peinte ou sculptée, lorsqu’un décor est réparti sur plusieurs bandes superposées, le registre désigne l’ensemble des éléments situés au même niveau.

Triscèle : Motif symbolique présent dès l’Antiquité. Il pourrait évoquer la course du soleil, sous la forme de trois spirales et parfois de jambes humaines.