Diptyque Marilyn Warhol Andy
Diptyque Marilyn
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Comment produire une œuvre dans une société de consommation inondée d’images ?
Le Diptyque Marilyn image principale est l’une des nombreuses toiles qu’Andy Warhol consacre à Marilyn Monroe à partir de 1962. Cette œuvre, conservée aujourd’hui à la Tate Gallery de Londres, réunit deux panneaux réalisés en sérigraphie, reproduisant vingt-cinq fois chacun le visage mondialement connu de Marilyn Monroe. Ce portrait d’un genre nouveau met en avant la série, non l’unique, et reproduit une photographie déjà publiée dans la presse. La star récemment décédée devient une image de marque.
Pop art et produits de consommation
L’année au cours de laquelle Andy Warhol réalise cette œuvre est capitale pour l’envol de sa carrière et l’affirmation de l’esthétique pop aux États-Unis. Si, auparavant, Andy Warhol bénéficie déjà d’une certaine reconnaissance, elle se limite à un petit milieu de connaisseurs, et surtout à ses talents de publiciste, et non d’artiste. Le monde de l’art américain est alors fortement dominé par l’expressionnisme abstrait. Jackson Pollock, Mark Rothko ont tracé après la guerre la voie vers un art non figuratif, où domine le pouvoir expressif du geste et de la couleur. Warhol, en 1962, oppose à l’abstraction expressive un art où l’affect et le travail de l’artiste sont neutralisés. Cette œuvre figurative est directement inspirée des images et objets de la société de consommation. Warhol rejoint ainsi une tendance née en Angleterre un peu plus tôt et qui s’épanouit au début des années 1960 aux États-Unis : le Pop art, dont il devient rapidement la figure majeure. 1962 est l’année où, pour la première fois, Andy Warhol expose à la galerie Ferus de Los Angeles trente-deux boîtes de soupe Campbell. Si les premières versions sont encore peintes, elles seront rapidement réalisées en sérigraphie.
La sérigraphie, un art du reproductible
D’autres sujets sérigraphiés suivent : les bouteilles de Coca-Cola, les billets de 1 ou 2 dollars, les stars du septième art, dont Marilyn Monroe, mais aussi les gros titres tragiques, avec notamment 129 morts (catastrophe aérienne) qui rappelle combien, chez Warhol, le rêve américain expose aussi son versant sombre. La démultiplication du visage sur la totalité de la surface des deux toiles de Marylin est typique du fonctionnement du motif chez Warhol. À l’ère de la consommation de masse, l’image ou le produit (ce qui revient ici au même) est régulièrement répliqué à l’identique, ou quasiment, par l’artiste. Sur le plan technique, la répétition est simplifiée par le recours à la sérigraphie. Le procédé et son résultat sont parfaitement décrits par l’artiste : « Avec la sérigraphie, on prend une photographie, on l’agrandit, on la transfère sur un écran de soie avec de la colle, et ensuite on passe l’encre par-dessus et l’encre traverse la soie là où il n’y a pas de colle. De cette façon, on a toujours la même image, légèrement différente à chaque fois. C’est simple, rapide, et imprévisible. » Chaque œuvre ou, comme ici, lorsque la matrice est reproduite plusieurs fois dans l’image, chaque visage est ainsi à la fois identique et singulier. La répétition singe le fonctionnement d’une société de consommation dans laquelle quantité et diffusion sont les critères ultimes. Dans le même temps, les variations garantissent à chaque œuvre son aura spécifique.
De la star à l’icône
Le portrait que propose Warhol ne résulte pas de séances de pose ou d’une quelconque rencontre avec l’actrice. Et pour cause, lorsque l’artiste commence sa série, Marilyn Monroe vient de mourir. Comme souvent dans le Pop art, l’image préexiste à l’œuvre. Il s’agit d’une photographie de presse prise en 1953 lors du tournage de Niagara et destinée à la promotion du film. L’artiste l’a réutilisée et recadrée pour ne retenir, en gros plan, que le visage de celle qui fut un sex-symbol. La mise en page est frontale, le fond sans détail. La toile se concentre sur l’hyperféminité de la star. Elle met en avant les boucles glamour, la bouche pulpeuse, la mouche distinctive et, dans la version colorée, le blond platine et le maquillage appuyé des yeux et des lèvres. Elle insiste ainsi sur un look qui a concentré les désirs de toute une génération. Comme l’analysait très justement Edgar Morin, dès les années 1950 : « On projette dans l’être supérieur, mythique (la star), toute une série de besoins et de désirs que la vie ne peut satisfaire. » Warhol met ainsi en valeur l’image construite par Marilyn Monroe elle-même, celle d’un pur « produit » hollywoodien.
Un diptyque né d’un regard
L’originalité de Diptyque Marilyn image principale au sein de la série procède du contraste entre les deux panneaux qui la composent. Le diptyque est conçu par l’artiste d’abord comme deux œuvres indépendantes. Ce sont les premiers acheteurs, Burton et Emily Tremaine, qui eurent l’idée de les associer. Leur proposition séduit l’artiste : Diptyque Marilyn est né. Ce rapprochement rend plus efficace l’opposition entre les couleurs vives et le noir et blanc, ainsi que la présence et l’effacement du visage. Il fait ressentir davantage le destin tragique de la star, devenue une des nouvelles icônes du Pop art.
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Ressources
Notice de l'oeuvre sur le site web de la Tate Gallery
https://www.tate.org.uk/art/artworks/warhol-marilyn-diptych-t03093
La biographie de l’artiste sur le site web du musée Warhol de Pittsburgh
Des podcasts sur à Andy Warhol sur France Culture
n dossier pédagogique du Centre Pompidou consacré au Pop art
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Pop_art/ENS-pop_art.htm
Le parcours d’Andy Warhol publié lors de l’exposition "Le Grand Monde d’Andy Warhol" au Grand Palais en 2012
Glossaire
Pop’ Art (1950-1970) : Mouvement rassemblant des artistes explorant les sujets liés à la société de consommation, particulièrement le phénomène de l’image publicitaire.
Diptyque : Objet constitué de deux volets le plus souvent reliés par une charnière. Par extension, le terme s’applique à deux œuvres réalisées en pendants.