La Jeune Fille à la perle Vermeer Johannes

La Jeune Fille à la perle

Dimensions

H. : 44.5 cm ; L. : 39 cm

Provenance

Technique

Peinture

Matériaux

Huile sur toile

Datation

1665

Lieu de conservation

Pays-Bas, La Haye, Mauritshuis

Pourquoi La Jeune Fille à la perle est-elle devenue si célèbre ?

Ce portrait anonyme était autrefois nommé Jeune fille au turban image principale. En raison de sa ressemblance avec certains portraits peints par Léonard de Vinci, elle a également été surnommée la Joconde du Nord. La grâce de la jeune fille et le silence qui émanent du tableau captent particulièrement l’attention.

Une beauté exotique

La jeune fille se détache sur un fond noir image principale, de trois quarts dos. Elle porte une veste jaune et un col blanc. Coiffée d’un turban, elle est parée d’une perle à l’oreille image b. Elle tourne vers nous son visage, la bouche ouverte, comme si elle allait parler. Toutefois, elle semble perdue dans ses pensées. La composition forme un triangle. La lumière qui vient de gauche produit des ombres sur le visage et le vêtement et fait briller la perle. On ne connaît pas l’identité de cette jeune femme, et il ne s’agit probablement pas d’un portrait. Le modèle évoque plutôt un exotisme imaginaire. Cette figure appartient au genre des tronies image 1, qui apparaissent vers 1630. Ces « trognes » représentent des modèles en costumes exotiques, aux caractères expressifs. Ces figures de fantaisie seront reprises par Fragonard.

Un peintre de l’intime

La vie de Vermeer est mal connue. Il est né à Delft image 2 en Hollande. Son père, protestant, est soyeux. L’artiste se convertit au catholicisme par amour, pour épouser la riche Catharina Bowles. Le jeune homme est reçu à la guilde de Saint-Luc en 1653. Il en sera élu chef à 30 ans. Il produit peu, trois tableaux par an environ. Admis à la guilde avec des peintures d’histoire (Le Christ chez Marthe et Marieil se tourne rapidement vers la peinture de genre image 3. Sur de petits formats, il représente la vie familiale dans un langage pictural mystérieux et poétique. Les allusions à l’amour sont constantes image 4. Le peintre valorise les activités domestiques image 5 et intellectuelles image 6. D’un tableau à l’autre, il reprend les mêmes accessoires et objets du quotidien : table, tapis, fauteuils. Dans ses œuvres, les objets ont une valeur symbolique. Par exemple, les tableaux accrochés donnent des clés de lecture, et la perle image c dans La Jeune Fille à la perle est un accessoire qui évoque la séduction. L’atmosphère paisible reste énigmatique. La peinture de Vermeer est plus contemplative que narrative; effet amplifié ici par l’absence de décor.

Technique et couleur

Vermeer travaille généralement sur fond clair image 5. Ici image principale, le fond sombre fait ressortir la peau claire du modèle, rappelant les œuvres de Léonard de Vinci image 7 Le peintre emploie une dizaine de pigments, surtout le bleu outremer et le jaune citron image principale image 4. Il pose la couleur en aplats, en couches successives, puis en nuances pour marquer le modelé. Un clair-obscur accusé rappelle les effets d’ombre et de lumière des caravagesques. On ne connaît de Vermeer aucun dessin préparatoire. Ses formats, petits, carrés, indiqueraient un travail avec la camera oscura. Ce procédé permet de projeter une image sur une surface plane. Elle est plus petite et inversée, mais donne un dessin précis. Une lentille convexe apporte une grande netteté au centre. Un miroir incliné permet de décalquer l’image. L’élément essentiel de la toile, la perle, focalise le regard du spectateur image c.

La redécouverte de Vermeer

Réputé à Delft seulement, Vermeer meurt à 43 ans, endetté. Il tombe rapidement dans l’oubli. En 1696, vingt et un de ses tableaux passent en vente publique. Les commentaires sont élogieux et les prix élevés. En 1822, le Mauritshuis de La Haye achète la Vue de Delft image 2 pour une somme colossale. En 1866, Thoré Bürger, qui a étudié la peinture du Nord, établit un inventaire des œuvres de Vermeer. Il en recense soixante-douze et publie des articles qui établissent le succès du peintre. À l’époque, Edgar Degas, parmi d’autres artistes, s’inspire du maître image 8. Le nombre d’œuvres attribuées à Vermeer passe à cinquante-six tableaux en 1888, puis à trente-quatre en 1907. Certaines peintures sont redonnées à d’autres artistes (comme Pieter de Hooch). Avec la célébrité, la signature de Vermeer a été ajoutée arbitrairement sur certains tableaux, et sa réputation attise de nombreux faussaires (Hans van Meegeren).

Le roman de Tracy Chevalier, La Jeune Fille à la perle, traduit en français en 2000, s’inspire du tableau. L’histoire est une fiction autour du modèle, domestique au service de la famille de Vermeer. Adapté au cinéma, l’ouvrage a largement popularisé le peintre et l’œuvre.

Vermeer : ce maître mystérieux, une vidéo de France 24, Culture Prime

Marie-Bélisandre Vaulet-Lagnier

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/la-jeune-fille-la-perle

Publié le 17/05/2023

Ressources

Une présentation de l’exposition Vermeer et les maîtres de la peinture de genre

https://www.youtube.com/watch?v=FHEwVxCbslI

Une vidéo sur Hans van Meegeren, le faussaire qui a trompé les nazis

https://www.youtube.com/watch?v=vpX9LDaYuno

Une vidéo pédagogique sur l’œuvre

https://youtu.be/JKYRblBD0ik

L’art à l’écoute : les perles de Vermeer

https://youtu.be/dMNApE-q5QU

Vermeer au musée du Louvre

https://youtu.be/0QQQqHsqUtk

Glossaire

Clair-obscur : Répartition des ombres et des lumières sur une peinture, de telle sorte que les couleurs les plus sombres se juxtaposent aux plus claires et produisent un fort effet de contraste.

Repentir : Changement, correction dans une peinture.

Outremer : Pigment bleu de lapis-lazuli, extrêmement coûteux, importé du Proche-Orient et d’Afghanistan.