La Rose d'or Minucchio da Siena

La Rose d'or

Dimensions

H. : 60,5 cm

Provenance

Trésor de la Cathédrale de Bâle

Technique

Orfèvrerie, Filigrane

Matériaux

Or (métal), Positif monochrome sur support verre

Datation

1330

Lieu de conservation

France, Paris, musée de Cluny, musée national du Moyen Âge

Pour quel usage cet objet précieux a-t-il été créé ?

Cet objet en or image principale reproduit une rose avec sa tige et son feuillage. Elle semble si fidèle à la nature qu’on pourrait croire qu’elle a été faite hier. Cette rose d’or date en réalité du Moyen Âge.

Un chef-d’œuvre d’orfèvrerie gothique

La rose d’or image principale du musée de Cluny est la plus ancienne qui soit parvenue jusqu’à nous. Commandée en 1330 par le pape Jean XXII, la rose d’or est créée par l’orfèvre siennois Minucchio, dont on connaît le nom grâce aux archives papales d’Avignon image 1. L’orfèvre a représenté une branche de rosier à cinq tiges portant boutons et fleurs écloses, sans épines, travaillées à la feuille d’or. Ses feuilles dentelées sont soudées parfois symétriquement. Sans chercher l’exactitude botanique, Minucchio fait preuve d’une approche nouvelle de la nature.

Auparavant, dans l’art roman, les artistes se conformaient à un système de conventions et de signes qui les incitait moins à représenter fidèlement la nature qu’à en suggérer l’essence. L’œuvre cherchait à évoquer le monde spirituel et son ordre surnaturel. La symbolique de la rose était d’abord à mettre en relation avec l’annonce de la Résurrection du Christ et le renouveau de la nature au printemps.

Rappelons également que la rose est associée dans la symbolique chrétienne à la figure de la Vierge Marie, dont elle évoque la pureté. La Vierge est pour saint Bernard la rose mystique, la rose sans épines.

À partir du XIIIe siècle, avec la redécouverte de la Physique d'Aristote, qui conduit à appréhender la perfection de la Création à travers celle de ses parties, se fait jour une approche artistique plus naturaliste, davantage fondée sur l'observation et soucieuse du détail.

Cadeau papal

Le pape offre cette rose au comte de Neuchâtel, Rodolphe III de Nidau. Le pape, chef spirituel, mais aussi chef d’État, avait en lui un allié précieux dans sa lutte contre l’empereur Louis IV de Bavière. Depuis 1305, les papes avaient fui Rome et les désordres qui régnaient alors dans la péninsule italienne, et s’étaient installés en Avignon avec toute leur cour. Louis IV de Bavière, à la tête du Saint-Empire romain germanique, en avait profité pour faire valoir ses droits sur l’Italie. Rodolphe III s’était alors mis au service du pape et était parti en guerre contre Louis IV, qui fut finalement chassé d’Italie en 1330. Heureux destinataire de ce précieux objet en reconnaissance du service rendu, le comte de Neuchâtel-Nidau fit ajouter ses écus armoriés détail b et un nœud filigrané détail c sur le pied en argent dans lequel la rose fut fixée détail b.

Cette famille étant liée à la cathédrale de Bâle image 1, la rose y fut offerte vers 1389, à la mort de Rodolphe III. C’est en 1854 que l’œuvre arrive au musée de Cluny, dans un état modifié par le remplacement du saphir d’origine par un verre de couleur et par la perte de neuf feuilles.

Le don d’une rose d’or est une tradition papale mentionnée pour la première fois au XIe siècle et qui perdure encore aujourd’hui. Le quatrième dimanche de Carême, le pape bénissait la rose, qui était parfumée de baume et de musc. Puis il prononçait son sermon la rose à la main. À la fin de la cérémonie, la rose était portée en procession jusqu’à la demeure du pape qui en faisait finalement cadeau à un personnage ou, plus rarement, à une institution. Le choix du destinataire pouvait se faire sur des critères politiques, à une époque de lutte entre le pouvoir spirituel du pape et le pouvoir temporel des empereurs et des rois.

Récemment, Benoît XVI a fait don d’une rose d’or au sanctuaire Notre-Dame de Montaigu en Belgique, en 2011. Le pape François, ensuite, a offert à trois reprises une rose d’or à un sanctuaire marial : à Notre-Dame de Czestochowa (Pologne) en juillet 2016, à Notre-Dame de Guadalupe (Mexique) en février 2016, et à Notre-Dame del Cobre (Cuba) en septembre 2015.

Mots-clés

Véronique Zeller

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/la-rose-dor

Publié le 22/07/2024

Ressources

Notice de l'oeuvre sur le site web du musée de Cluny

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/rose-or.html

Francis Salet, « La rose d’or du musée de Cluny », Bulletin monumental, t. 145, no 4, 1987, p. 417-418

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1987_num_145_4_3029

Exposition "Art et Nature", une vidéo du musée de Cluny, 4mn32

https://www.youtube.com/watch?v=ZdxkgHkiFUs

Glossaire

Art gothique : Style qui se développe à partir du milieu du XIIe siècle jusqu’au début du XVIe siècle dans l’Occident chrétien.

Art roman : Art qui se développe dans l’Occident chrétien à partir du Xe siècle. Vers le milieu du XIIe siècle, l’art gothique le remplace progressivement au nord de la Loire.

Carême : Temps religieux de préparation à Pâques d’une durée de quarante jours et marqué par la pratique du jeûne.