La Salle des Caryatides au Louvre Lescot Pierre

La Salle des Caryatides au Louvre

Auteur

Dimensions

Provenance

Technique

Architecture

Matériaux

Datation

1546-1555

Lieu de conservation

France, Paris, musée du Louvre

Comment la salle royale des Caryatides du Louvre est-elle devenue une salle de musée ?

La salle des Caryatides (ou Cariatides) image principale est la salle la plus prestigieuse du château royal du Louvre. Elle fut créée pour le roi de France Henri II au milieu du XVIe siècle par l’architecte Pierre Lescot et le sculpteur Jean Goujon.

Du château fort au palais Renaissance

Entre 1190 et 1202, Philippe Auguste construit un château fort pour protéger Paris. Il comprend un donjon, appelé la Grosse Tour du Louvre image 1, une prison et un arsenal. On y garde les archives et le trésor royal. L’aile ouest abrite le tribunal et la grande salle, sur l’emplacement de la future salle des Caryatides. La forteresse devient un palais avec Charles V, roi de France de 1364 à 1380. Cette salle est alors artistiquement décorée de scènes de vénerie (chasse à courre). La guerre de Cent Ans éloigne les rois vers la Touraine.

Lorsque François Ier revient habiter le Louvre en 1527, il fait raser la Grosse Tour et charge Pierre Lescot de construire un palais inspiré de la Renaissance italienne. Il commence par l’aile ouest, appelée Lescot, qui comprend quatre étages. Le roi Henri II reprend le chantier laissé inachevé à la mort de son père François Ier. La façade présente des sculptures et trois avant-corps à colonnes. L’aile Lescot dans laquelle est aménagée la salle des Caryatides est achevée en 1555 image 2.

Une galerie luxueuse

La salle des Caryatides se trouve au rez-de-chaussée de cette aile. Éclairée par de grandes fenêtres, elle se compose d’une immense galerie de 600 mètres carrés et d’un tribunal surélevé pour le trône du roi, séparé du reste de la salle par une serlienne (groupe de trois baies) image 3.

La tribune des musiciens, à l’autre extrémité, est supportée par quatre caryatides dues à Jean Goujon (1550). Elles sont inspirées de l’Érechthéion (421-406 av. J.-C.), un temple dédié à Athéna et Poséidon sur l’acropole d’Athènes image 4 image 5. Cette salle prestigieuse doit son nom à ces femmes-colonnes de Caryes (Grèce). Elles sont vêtues d'une longue tunique, n'ont pas de bras et se rapprochent ainsi de la forme architecturale d'une colonne. Elles ont un réel rôle architectural : elles soutiennent la tribune image b. La Nymphe de Fontainebleau image 6 de Benvenuto Cellini, créée en 1542-1543, surmonte la tribune. Elle y a été installée après la restauration de 1811 par l'architecte de Napoléon Ier, Fontaine. L'original est aujourd'hui dans l'escalier Mollien. Ce moulage est dû à Antoine-Louis Barye. D’importants travaux sont entrepris en 1629.

La cour est alors envoyée à Fontainebleau pendant que Lemercier remplace le plafond de bois avec poutres et solives par un voûtement en pierre de Conflans, et démonte la cheminée pour créer un passage vers le pavillon du roi. Ces arcs-doubleaux, soutenant une voûte en berceau surbaissé, sculptés à l'époque de Napoléon Ier, seront ornés plus tard de bas-reliefs. Le pavement en marbre en damier est également tardif.

Le cœur du palais

La salle des Caryatides est une salle de réunions politiques, de fêtes princières, de festins et de balles avec une tribune de musiciens pour accompagner la danse. Ce lieu prestigieux accueille des cérémonies officielles image 7. La salle des Caryatides est peu meublée. Elle est aménagée selon les occasions, avec des tentures pour le prestige, des tables pour les repas, des machineries pour les spectacles de théâtre. Quand Louis XIV vit au Louvre, il fait jouer Molière dès 1658 (L’Étourdi, Les Précieuses ridicules). On célèbre dans cette salle des mariages royaux, comme celui de François II et de Marie Stuart en 1558. Ils sont suivis de bals, spectacles, musique et poèmes chantés. Cette vaste salle d’apparat est aussi un lieu politique. Henri d’Anjou (Henri III) y est élu roi de Pologne en 1573, et elle fut le théâtre de la pendaison (en 1591) de quatre traîtres par le duc de Mayenne. Enfin, elle devient funéraire quand, en 1610, on y expose l’effigie en cire d’Henri IV, poignardé près du Louvre et mort dans le palais. Ce mannequin est revêtu des habits du sacre et déposé sur un lit d’honneur dans le tribunal, sur un drap d’or fleurdelisé, bordé de velours violet image 8

Du palais au musée

François d’Orbay, élève de l’architecte Louis Le Vau, aménage la salle des Caryatides pour présenter une partie de la collection royale de sculpture de Louis XIV à la fin du XVIIe siècle. Celle-ci devient « salle des Antiques » de 1692 à 1793. Ce musée est parfois ouvert au public. En 1795, on y installe l'Institut national image 3. Au moment du départ de l'Institut pour le collège des Quatre-Nations, en 1806, la salle est exclusivement consacrée aux collections. Elle s'intègre alors au musée du Louvre à part entière. L’inauguration a lieu en 1811, lors d’une fête donnée pour la naissance du Roi de Rome, le fils de Napoléon Ier. Napoléon se loge aux Tuileries pour affecter le palais du Louvre exclusivement au musée. 

Dans la salle des Caryatides sont exposés deux antiques du Vatican, Le Nil et Le Tibre. La salle devient alors « salle des Fleuves ». Au moment du traité de Vienne (1815), Le Nil retrouve le Vatican, tandis que Le Tibre demeure au Louvre et la salle reprend le nom de « Caryatides ». La salle des Caryatides présente désormais des répliques romaines d’originaux grecs image principale, comme la Diane de Versailles image 9 ou l’Hermaphrodite endormi image 10.

La construction du Louvre en 3D, une vidéo de l'émission Des Racines et Des Ailes, France TV, 4 mn 53

Mots-clés

Marie-Bélisandre Vaulet-Lagnier

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/la-salle-des-caryatides-au-louvre

Publié le 31/01/2025

Ressources

"Au coeur du palais de la Renaissance, la salle des Cariatides", un article du musée du Louvre

https://www.louvre.fr/decouvrir/le-palais/au-coeur-du-palais-de-la-renaissance

Au Louvre ! La Salle des Cariatides, une vidéo du musée du Louvre, 1m58

https://www.youtube.com/watch?v=y_CmwHT3WAM

Pierre Lescot, un article de Jean-Marie Pérouse de Montclos, sur France Archive

https://francearchives.gouv.fr/pages_histoire/38668

Jean Goujon, un article d'Alain Erlande-Brandenburg sur France Archive

https://francearchives.gouv.fr/pages_histoire/39272

Glossaire

Renaissance : Mouvement artistique né au XVe siècle en Italie et qui se diffuse dans le reste de l’Europe au XVIe siècle. Il repose sur la redécouverte, l’étude et la réinterprétation des textes, monuments et objets antiques. À la différence de la pensée médiévale qui donne à Dieu une place centrale, c'est l'homme qui est au cœur de la pensée de la Renaissance.   

Arc-doubleau : Sorte de contreforts saillants utilisés sous la courbure intérieure d’une voûte pour assurer sa solidité et particulièrement utilisé dans l’architecture romane.

Collège des Quatre-Nations : Collège construit à Paris par Louis Le Vau à partir de 1662. Il abrite aujourd’hui l’Institut de France, notamment l’Académie française.