Verseuse à décor floral

Cet objet impérial en grès avec une couverte brillante verte image principale devait servir à verser l’alcool et présente deux décors : des fleurs de lotus sur la panse détail b, et un double bec verseur en forme de tête de phénix détail c. Il appartient aux céramiques de la dynastie des Song du Nord (960-1125), qui étaient commandées à l’usage de la cour ou pour les intérieurs raffinés des fonctionnaires lettrés. 

Un décor impérial 

Les fleurs de lotus représentées en léger relief s’épanouissent sur la panse détail b. La ligne est fluide, les nervures des pétales sont légèrement incisées en détail d, et le motif tourne de façon continue autour de la panse. Le double bec verseur détail c prend la forme de deux vigoureuses têtes de phénix, bec ouvert pour laisser passer le liquide, la crête dressée. Si le dragon symbolise l’empereur, le phénix devient, en particulier à partir des Song, le symbole de l’impératrice. Tout comme le dragon, c’est un animal fantastique : un oiseau composé en particulier du paon et du coq. Lié à la symbolique du feu et de la renaissance, il est un souhait d’immortalité pour l’impératrice image 1. 

Raffinement des céladons 

La dynastie Song est une période de grande création dans le domaine de la céramique. Cette verseuse est un exemple exceptionnel de la technique des céladons tels qu’ils se développent sous les Song du Nord. L’amélioration des fours permet d’obtenir des températures de cuisson autour de 1 250 degrés. Ces pièces sont obtenues à partir d’une argile épurée appelée grès, le décor étant moulé et incisé avant cuisson. L’objet est recouvert d’une couverte colorée à base d’oxyde de fer et cuit en une seule fois, en réduction d’oxygène afin d’obtenir la délicatesse des tonalités vert tendre. 

De la cour de Chine aux palais européens 

Cette technique des céladons se développe dans les fours de Yaozhou dans la province du Shaanxi image 7. La subtilité des tonalités allant du gris au vert olive, la brillance des couvertes et le raffinement des motifs attirent la clientèle impériale du X^e-XI^e siècle. Cette élite de la cour recherche avant tout la profondeur d’une couleur monochrome et l’élégance du décor qu’il faut souvent deviner au terme d’une longue contemplation. Appelées en Chine « couleurs secrètes », ces céramiques vont être exportées plus tard pour orner nos palais européens image 2 image 3. À partir du XVII^e siècle, on leur donnera le nom de céladon image 4, en référence au héros du célèbre roman L’Astrée d’Honoré d’Urfé, le berger Céladon dont le costume comporte des rubans verts. Cette production de céladons se poursuit jusqu’à nos jours, mais ceux remontant à la dynastie Song demeurent les plus recherchés image 5 image 6.