Galerie des Glaces Hardouin-Mansart Jules Le Brun Charles

Galerie des Glaces

Carte postale

Dimensions

L. 73 m

Provenance

Technique

Architecture

Matériaux

Datation

1678-1684

Lieu de conservation

France, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon

Pourquoi la galerie des Glaces est-elle si représentative du règne de Louis XIV et de l’art français du XVIIe siècle ?

Au lendemain du traité de Nimègue qui met fin à la guerre de Hollande en 1678, Louis XIV, fort de ses victoires récentes, entreprend une nouvelle fois de transformer Versailles, avec l'intention d'en faire le siège de son gouvernement. Il souhaite notamment que soit construite dans le château une grande galerie qui puisse servir aux réceptions et aux cérémonies officielles de la cour. La décoration somptueuse de cette pièce nouvelle [ image principale ] participe alors de la volonté de Louis XIV de se présenter aux yeux du monde comme le grand vainqueur de l'Europe.

Tous les arts réunis

La galerie des Glaces fut construite au premier étage du château à la place d'une terrasse qui surplombait le parterre d'eau et qui séparait les appartements du roi de ceux de la reine [ image 1 ]. Sa conception est le fruit de l'étroite collaboration de deux brillants artistes qui mènent dans l'entourage du roi une carrière très en vue : Jules Hardouin-Mansart pour l'architecture et Charles Lebrun pour le décor peint et sculpté. C'est une pièce tout en longueur, largement ouverte sur les jardins, dont les murs intérieurs sont rythmés par des arcades encadrées de pilastres. L'ensemble frappe par la diversité et la richesse des matériaux : marbre polychrome, bronze scintillant, cristal étincelant des lustres. Le plafond a été compartimenté pour accueillir une multitude de tableaux de dimensions variées, peints sur toile marouflée.

Un effet spectaculaire doublé d'un exploit technique

L'effet le plus spectaculaire de la décoration est produit par les grands miroirs de verre disposés face aux fenêtres. C'est à eux que la pièce doit son nom de galerie des Glaces. Leur réalisation est exceptionnelle à plus d'un titre. Aucun miroir de cette taille n'avait été soufflé jusqu'alors. Le fait que tous aient été produits en France ajoute encore à l'extraordinaire. En effet, jusque dans les années 1660, les maîtres verriers vénitiens, forts d'un savoir-faire dont ils gardent jalousement le secret, exercent un véritable monopole en Europe. Mais la création de la Manufacture royale de glaces de miroirs permet de concurrencer Venise et de fabriquer dans le royaume les fameux miroirs de Versailles. La galerie des Glaces témoigne donc de l'essor en France des industries du luxe, essor favorisé par la politique dynamique menée par Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV.

Un programme iconographique moderne et explicite

Le décor peint au plafond se distingue de ceux précédemment commandés par le roi, car Louis XIV n'y apparaît plus exalté sous les traits d'un dieu ou d'un héros de l'Antiquité, Apollon ou Hercule. Y figurent en effet les grands événements qui ont ponctué son gouvernement de 1661 à 1678. Si tous les tableaux privilégient l'allégorie et s'appuient encore sur une culture savante, chacun d'eux comporte un cartouche qui précise sa signification non pas en latin, mais en français. Le discours général est donc clair et accessible à tous ceux qui savent lire.

La France et ses puissances voisines

Les différents épisodes ont été disposés dans un ordre plutôt symbolique que chronologique. Le récit débute ainsi au centre de la galerie avec une grande composition [ détail b ] en deux parties opposées : d'un côté, le roi lorsqu'à la mort de son ministre Mazarin en 1661, il décide de gouverner seul [ détail c ] de l'autre, sous les traits de trois femmes, les puissances liguées contre la France : le Saint Empire, l'Espagne et la Hollande [ détail d ]. Attributs ou animaux héraldiques permettent de clairement les distinguer. L'aigle pour l'Empire, le collier de la Toison d'or pour l'Espagne, le trident pour la Hollande, pour n'en citer que quelques-uns. Au centre de la toile, Mercure, dieu du commerce et des voyages, flotte dans les airs [ détail e ]. Sa présence entre les deux parties indique clairement que le conflit qui oppose la France à ces États est d'ordre économique et commercial.

À la gloire des victoires militaires et du bon gouvernement de Louis XIV

Tout s'organise autour du panneau central, qui donne le ton : la politique extérieure de Louis XIV est au cœur du discours. Ainsi, les peintures les plus grandes évoquent-elles les principales étapes de la guerre de Hollande (1671-1678) : Résolution prise de faire la guerre aux Hollandais, 1671 ; Passage du Rhin, 1672 Le Roi prend Maëstricht en treize jours, 1673 Prise de la ville et de la citadelle de Gand en six jours, 1678… Aux côtés de ces grandes toiles, des compartiments plus petits, de forme ovale ou octogonale, font allusion à d'autres faits ou à des décisions majeures prises dans le gouvernement intérieur du royaume : L'Ordre rétabli dans les finances, 1662 Protection accordée aux Beaux-Arts, 1663 Sureté de la ville de Paris

Achevé en 1684, le plafond de la galerie des Glaces constitue donc une sorte d'arc de triomphe à la gloire du roi. Instrument du discours officiel, il est destiné à impressionner les visiteurs venus en ambassade et à affirmer fièrement les ambitions d'un royaume qui brille dans tous les domaines. Au-delà même du Grand Siècle de Louis XIV et de l'Ancien Régime, la galerie des Glaces demeure un lieu emblématique d'une France qui cherche à s'imposer sur la scène internationale. Rappelons notamment que c'est là qu'est signé le 28 juin 1919 le traité de Versailles qui rétablit la paix en Europe au lendemain de la Première Guerre mondiale [ image 2 ].

Pour en savoir plus sur le contexte historique de la création des peintures de la galerie des Glaces, rendez-vous sur le site L'Histoire par l'image

Muriel Mignot

Permalien : https://panoramadelart.com/analyse/galerie-des-glaces

Publié le 17/11/2011

Ressources

Glossaire

Toile marouflée : Toile appliquée sur une surface avec une colle forte appelée maroufle.

Allégorie : Représentation figurée d’une idée abstraite.

Pilastre : Élément architectural engagé dans un mur. Il a toutes les caractéristiques de la colonne (chapiteau, fût, base), sans en avoir la fonction porteuse.

Héros : Dans la Grèce antique, personnage le plus souvent issu de l’union d’une divinité et d’un mortel auquel on prête des aventures exceptionnelles. Associé à la vie locale, un culte est rendu sur son tombeau.