La Vierge et l’Enfant en majesté entourés de six anges Cimabue, Cenni di Pepe dit (vers 1240-1302)
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La Vierge et l'Enfant en majesté entourés de six anges
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La Vierge et l'Enfant en majesté entourés de six anges
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Détail des médaillons du Christ et des anges
La Vierge et l'Enfant en majesté entourés de six anges
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Un ange (détail)
La Vierge et l'Enfant en majesté entourés de six anges
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Détail de la main de la Vierge
La Vierge et l'Enfant en majesté entourés de six anges
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Détail de l'ange à gauche
La Vierge et l'Enfant en majesté entourés de six anges
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Madone Rucellai
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Les Saintes femmes au tombeau
Cimabue, peintre et fresquiste de grand talent, est généralement considéré comme le point de départ de l’école italienne de peinture. Il a commencé, le premier, à se détacher de la tradition byzantine qui avait influencé les artistes italiens avant lui, pour poser les jalons d’une nouvelle manière de peindre plus moderne. La Vierge et l’Enfant en majesté entourés de six anges [ image principale ] conservée au Louvre, l’une de ses œuvres les plus célèbres, témoigne de ces nouvelles aspirations et recherches picturales.
Qu’est-ce que la maestà ?
Au Moyen Âge, la dévotion à la Vierge ne cesse de croître dans le monde catholique. Marie devient ainsi le sujet le plus répandu de la peinture des XIIIe et XIVe siècles. La représentation que les Italiens appellent maestà (majesté) est l’une des plus solennelles. La Vierge et l’Enfant en majesté entourés de six anges appartient à cette catégorie. La Vierge y apparaît en tant que mère de Dieu, assise sur un trône qui semble porté par des anges, et présente sur ses genoux l’Enfant Jésus bénissant. Il s’agit d’un retable : il ornait au départ un autel dans l’église San Francesco à Pise. Son cadre est d’origine. Il comporte des médaillons où des anges et différents saints sont représentés et disposés suivant une hiérarchie céleste avec au sommet le Christ [ détail b ].
L’héritage byzantin
Par certains côtés, la Maestà du Louvre doit encore beaucoup à l’art byzantin [ image 3 ] : la forte symétrie régit la composition et accentue son hiératisme ; le fond d’or symbolise la lumière divine ; la forme des vêtements et des coiffures [ détail c ] appartient aux coutumes orientales ; ou encore la stylisation de certains détails anatomiques (le dessin du nez à l’arête très accusée, celui des mains aux longs doigts fins [ détail d ]. Mais ces éléments ne suffisent pas à dissimuler les nouveautés introduites par Cimabue dans la représentation des corps. Car l’artiste sait tirer profit de ses observations du monde réel et de la sculpture de son temps, fortement inspirée des modèles antiques, notamment celle de Nicola Pisano qui travaille au baptistère de Pise à partir de 1260.
« Le premier peintre qui regarde les choses de ses propres yeux »
Cimabue a cherché à transcrire sur la surface plane du tableau les volumes des corps et des objets. Les carnations sont modelées par la juxtaposition des lumières et des ombres subtilement modulées. La disposition du trône, en biais, permet de lui donner du relief, et de créer ainsi une impression de profondeur. Un certain réalisme apparaît dans le traitement des étoffes, plus particulièrement dans les plis qui mettent en évidence la structure des corps au lieu de la dissimuler (les genoux des anges [ détail e ], la poitrine et le ventre de la Vierge). Cimabue parvient en outre à insuffler à ses personnages une expression de profonde gravité, appropriée au futur destin tragique du Christ sur terre.
Un modèle pour les peintres suivants
Les historiens de l’art ont longtemps pensé que la Maestà du Louvre avait été peinte lors du séjour attesté de Cimabue à Pise entre 1301 et 1302. Les études récentes contestent cette datation tardive et préfèrent situer l’œuvre beaucoup plus tôt dans la carrière de l’artiste, vers 1280. Le tableau du Louvre a ainsi retrouvé dans l’histoire de l’art sa valeur de modèle. Cela permet en effet de le juger antérieur à une œuvre très proche, la Madone Rucellai [ image 1 ], peinte par le Siennois Duccio di Buoninsegna en 1285 (Florence, Galleria degli Uffizi). Si l’héritage byzantin n’a pas complètement disparu, un nouveau langage formel naît qui tend à traiter les sujets conventionnels dans un style plus humain et plus réaliste. Cimabue s’éloigne peu à peu des canons rigides de la tradition byzantine.
Dans ses œuvres, on peut voir en germe les prémices de la Renaissance italienne. Son travail sur la représentation de l’espace, du corps et la lumière sera ensuite perfectionné notamment par Giotto [ image 2 ], généralement considéré comme son disciple.
Permalien : https://panoramadelart.com/la-vierge-et-l-enfant-en-majeste-cimabue
Publié le 18/10/2011
ressources internet
- Une synthèse sur le Trecento
http://www.aparences.net/le-trecento/le-trecento-de-rome-a-assise-les-precurseur - Voir aussi le site Histoiredesarts.culture.fr
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glossaire
- Byzance :
- Antique cité grecque de Byzantium, située sur l’embouchure du Bosphore, Byzance est rebaptisée Constantinople lorsque Constantin en fait la capitale de l’empire romain d’Orient en 324. Conquise par les Turcs au XVe siècle, elle devient capitale de l’Empire ottoman, puis de la Turquie moderne sous le nom d’Istanbul adopté à partir de 1930. Le nom antique de la cité subsiste dans l’adjectif « byzantin », qui qualifie la civilisation de l’empire chrétien d’Orient du Ve au XVe siècle.
- Gothique :
- Style qui se développe à partir du milieu du XIIe siècle jusqu’au début du XVIe siècle dans l’Occident chrétien.
- Modelé :
- Manière de rendre le relief des formes, particulièrement celles du corps humain.
- Retable :
- Œuvre peinte ou sculptée, placée sur l’autel d’une église.
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Il ne s'agit pas d'un"coup de coeur" mais de recherches sur des questions dont l'histoire de l'art ne développe pour ainsi dire que bien peu, voire pas du tout. Il s'agit, en l'occurrence, à travers de brèves analyses ou commentaires comme celui qui précède ici, de trouver des éléments de preuve sur l'apprentissage de ceux qui nous ont laissé le témoignage de ce qui pouvait émerger d'un ensemble de savoir, lié au temps qui les inspirait;
Nous trouvons, le plus souvent chez ceux qui ont fait exception au dogme, un sens de l'émotion devant la chose en soi; peindre une vierge mais aussi une femme, par ex. Le net offre des raccourcis appréciables dans l'exploration d'une question. Faut-il encore trouver la piste. Avez -vous un conseil ?