Le Discobole Myron (d'après)
Le Discobole Lancellotti
Détail central de la coupe
Auteur
Dimensions
Provenance
Technique
Matériaux
Datation
Lieu de conservation
Pourquoi cette statue antique est-elle encore aujourd’hui le symbole du sport et de l’olympisme ?
Le Discobole image principale, « lanceur de disque » en grec, est sans doute la plus célèbre statue d’athlète de l’Antiquité et reste une image familière à l’époque moderne. Elle rappelle l’importance du sport chez les Grecs, inventeurs des jeux Olympiques, et illustre les recherches des sculpteurs de l’époque classique sur la représentation du mouvement.
Le Discobole Lancellotti, la plus célèbre copie antique du Discobole de Myron
Cette statue en marbre, très bien conservée, a été retrouvée à Rome en 1781 et achetée par la famille Lancellotti, dont elle porte le nom. C’est une copie antique du Discobole, un bronze célèbre du sculpteur athénien Myron, daté de 460-450 av. J.-C environ. L’original a malheureusement disparu, mais est connu par une description très précise de Lucien de Samosate, un auteur du IIe siècle. En effet, la majorité des œuvres en bronze ont été fondues à la fin de l’Antiquité pour en récupérer le métal. On les connaît principalement par des copies en marbre réalisées à l’époque romaine comme le Discobole Lancellotti. D’autres copies ont été retrouvées ensuite, plus ou moins fragmentaires, le Discobole Townley dans la villa d’Hadrien à Tivoli image 1, celui retrouvé à Castel Porziano près de Rome image 2, ou celui retrouvé dans l’Aude image 3.
Le sculpteur Myron à la conquête du mouvement
La carrière du bronzier Myron s’est déroulée dans les années 460-445 av. J.-C, au début de l’époque classique, et son art relève de ce que l’on appelle le style sévère. Rompant avec la rigidité des statues de l’époque archaïque, les sculpteurs cherchent à insuffler vie et dynamisme à leurs œuvres. Selon les textes antiques, Myron avait fait une statue de vache en bronze, sur l’Acropole d’Athènes, si vivante qu’on avait l’impression qu’elle allait mugir !
Il était aussi fameux pour ses statues d’athlètes, dont le Discobole. Les athlètes sont fréquemment représentés dans l’art grec, en sculpture comme dans la céramique image 4. En effet, le sport occupait une place aussi importante dans l’éducation (masculine seulement), nommée la paideia, que l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, de la poésie et de la musique. Et, comme il se pratiquait nu – gumnos en grec, qui a donné notre gymnastique –, les artistes ont porté leur attention sur la représentation de l’anatomie et du mouvement.
Un moment fugitif, mais une image éternelle
Dans l’Antiquité, le lancer du disque faisait partie du pentathlon. Il fallait lancer le plus loin possible un disque de métal d’environ deux kilos. Avant de le lancer, l’athlète balançait son disque plusieurs fois de suite d’avant en arrière image 5. C’est ce moment précis que Myron a choisi de représenter, comme le peintre de Cléomélos dans une coupe image 6. Le torse, en flexion, est représenté de trois quarts, le bras droit porté vers l’arrière pour prendre le plus d’élan possible détail b. Les jambes, de profil, sont fléchies, la jambe droite portant fermement le poids du corps. La musculature est nettement dessinée détail c, mais le visage reste impassible et concentré détail c. Le discobole va ensuite se redresser avec un mouvement de rotation et lancer son disque. La pose instable, mais très suggestive, donne toute sa puissance à l’œuvre.
Cette pose semble naturelle mais s’inscrit en fait dans une composition - géométrique faite de - triangles superposés. Elle est aussi peu réaliste, car le corps ne peut être aussi ramassé dans un espace si étroit. La statue est faite pour être vue de face, comme un relief. Le bronze de Myron s’inscrivait peut-être davantage dans la profondeur de l’espace. La transposition dans le marbre, matériau plus lourd, a – pu obliger le copiste à ramener la composition à deux dimensions et à renforcer l’ensemble en sculptant un étai en forme de tronc d’arbre.
Le Discobole, une icône du sport à l’époque moderne
À la fin du XIXe siècle, quand des Jeux olympiques modernes sont organisés à l’initiative de Pierre de Coubertin, le Discobole image principale en devient le symbole. Il figure sur la partition de l’Hymne olympique composé pour les premiers Jeux à Athènes en 1896. Il fait ensuite l’objet d’une récupération politique par l’Allemagne nazie qui se considère comme l’héritière de la Grèce antique. En 1938, Hitler fait même acheter le Discobole Lancellotti, qui est rendu à l’Italie après la guerre.
Pour marquer le refus de cette confiscation politique par les Nazis, le Discobole Townley figure sur l’affiche des Jeux de Londres en 1948. On retrouve le Discobole Lancellotti plus récemment dans les affiches officielles des Jeux de Paris 2024 dessinées par Ugo Gattoni.
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Ressources
Présentation du "Discobole" à l’occasion de l’exposition "L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique" - Musée du Louvre
https://www.louvre.fr/expositions-et-evenements/expositions/l-olympisme/oeuvres-en-lumiere
Dossier pédagogique de l’exposition "L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique" - Musée du Louvre
https://api-www.louvre.fr/sites/default/files/2024-04/EXE_DOSSIER_PEDAGOGIQUE_OLYMPISME.pdf
Dossier pédagogique du musée du Louvre sur les jeux Olympiques dans l’Antiquité
https://api-www.louvre.fr/sites/default/files/2021-09/Arts%20et%20sport_final.pdf
Dossier sur les jeux Olympiques sur Odysseum, site des ressources des langues, cultures et civilisations de l’Antiquité
https://odysseum.eduscol.education.fr/les-jeux-olympiques-ta-olympia
Philippe de Carbonnières, "Olympie, la victoire pour les dieux", CNRS Editions, 2005
Dossier sur les Jeux olympiques sur le site web de L'Histoire par l'image
Glossaire
Période classique : Période englobant les Ve et IVe siècles av. J.-C., qui voit naître en Grèce des innovations décisives dans les arts. En sculpture, de grands artistes comme Polyclète, Praxitèle ou Lysippe travaillent sur la représentation du corps en mouvement dans l’espace. Leurs œuvres seront des modèles suivis durant la période hellénistique et dans l’art romain.
Style sévère : Premier style de la période classique, il se développe de 480 à 450 av. J-C. en se libérant des conventions de l’archaïsme. Il se caractérise par l’expression impassible des visages qui lui a donné son nom.
Pentathlon antique : Du grec « cinq épreuves », discipline sportive comprenant le lancer du disque et du javelot, le saut en longueur, la course de vitesse et la lutte. Il fallait remporter au moins trois épreuves pour être déclaré vainqueur.
Nudité héroïque : Dans l’ancienne Grèce, la nudité traduit formellement l’idéal aristocratique du kaloskagathos, celui qui est « beau et bon ». Elle exprime le caractère exceptionnel du personnage figuré, ce qui conduit à représenter ainsi les dieux, les héros et tous ceux qui, comme les guerriers et les athlètes, aspirent à une héroïsation.