Pendule astronomique de Louis XV Passemant Claude-Siméon

La pendule astronomique de Louis XV image principale est un des plus prestigieux exemples d’objet de bronze doré. Cette magnifique horloge est aussi un témoignage de l’engagement de ce roi pour les sciences, et rend compte d’une érudition omniprésente à Versailles.

« Un miracle de la science »

Au sommet de la pendule, une sphère de cristal détail b présente les planètes du système solaire selon l’héliocentrisme de Copernic, de Mercure à Saturne (Neptune et Uranus seront découvertes plus tard). Rochers et chutes d’eau entourent la Terre et lui servent d’horizon. Celle-ci est représentée par un globe de bronze détail c sur lequel sont gravés les pays et les villes principales.
L’horloge indique l’état du ciel, avec chaque constellation du zodiaque, ainsi que la position des planètes autour du Soleil. Un cadran peint détail d indique les phases de la Lune. La succession des 29 décans lunaires est représentée sur un fond de ciel étoilé. En période d’éclipse, un cache en argent apparaît, précisant si elle sera totale ou partielle. La pendule affiche également le jour de la semaine, le quantième (c’est-à-dire le numéro du jour du mois courant), le mois et l’année, en prenant en compte les années bissextiles. Les quatre cases de l’année permettent de concevoir un fonctionnement de 9999 ans !
Le balancier qui décline les secondes est équipé d’une réglette graduée réglée sur la latitude de Versailles (48° de latitude nord). Il est en acier et en cuivre. Ces deux métaux réduisent sa dilatation et donc évitent les variations de ses oscillations.
Enfin, la pendule donne l’heure, les minutes, les secondes, ce qui est exceptionnel à cette époque.

Le mécanisme de la pendule détail eest si sensible qu’elle s’est arrêtée en 1755 à cause d’un tremblement de terre survenu à Lisbonne. Pour cette raison, elle sera posée sur un socle de marbre qui l’isole du sol terrestre.
Enthousiaste, le duc de Luynes écrit à son sujet dans son journal : « Les côtés et le derrière sont de glace, avec un globe dessus, où l’on voit le soleil représenté comme une boule d’or dans le milieu et toutes les planètes tournant autour avec une précision si grande, que l’ouvrier dit que cela ne pourrait pas se déranger dans dix mille ans. […] Cela me paraît un miracle de la science.  »

Un objet de prestige

Les horloges sont des objets de grand prix au XVIII^e siècle, exceptionnels par leur précision, les surprises de leurs combinaisons et le luxe de leur revêtement extérieur. La pendule astronomique de Louis XV se présente comme une synthèse des réflexions scientifiques du siècle des Lumières, dans la mesure où elle intègre à son mécanisme les avancées de Nicolas Copernic (astronome polonais) et d’Isaac Newton (mathématicien, physicien et astronome anglais), largement diffusées par l’Encyclopédie. Cet objet prestigieux est la création d’artistes éminents. Louis Dauthiau, horloger officiel du roi, a pensé la combinaison et l’exécution du mécanisme pendant douze ans. Quant à Claude-Siméon Passemant, il a mis au point, pendant vingt ans, les tables astronomiques à partir desquelles il a réalisé le mécanisme. Les horlogers sont considérés comme des artistes remarquables, et bénéficient d’un statut particulier. Certains, comme Passemant, logent au Louvre et reçoivent la protection du roi.
Les pendules sont admirées et les propriétaires des réalisations les plus complexes et ingénieuses jouissent d’une gloire particulière. Le 23 août 1749, la pendule de Dauthiau et Passemant est présentée à l’Académie royale des sciences, qui lui décerne un certificat de « précision extraordinaire ». Le 7 septembre 1750, au château de Choisy-le-Roi, le duc de Chaulnes la montre à Louis XV, qui l’achète et en fait aussitôt la référence de l’heure administrative du royaume. La pendule de Louis XV est une œuvre unique, d’une élégance exceptionnelle et d’une prouesse scientifique si aboutie qu'elle ne peut être destinée qu'à un roi savant. Elle tient la première place dans la compétition entre les princes d’Europe.

Le règne de Louis XV, élégant et raffiné

Entre 1715 et 1774, la France traverse une période prospère, permettant l’embellissement du cadre de vie. La recherche de l’agrément engendre le développement de l’artisanat de luxe. Au début du XVIII^e siècle, la qualité et l’élégance de l’ameublement s’affirment, la production d’objets décoratifs de grande valeur (meubles de marqueterie, pendules de bronze, vases précieux, soieries et velours) s’amplifie, permettant ainsi le développement de décors variés, colorés, blancs ou dorés.
Le boîtier de la pendule astronomique de Louis XV détail f se distingue par son raffinement. Il a été réalisé par Philippe et Jacques Caffieri en 1753. Le bronze doré renforce la magnificence de cette œuvre et multiplie l’éclat des lumières. C’est pourquoi la pendule est placée dos à un miroir : son reflet amplifie encore cet effet. La sphère de cristal scintille, de même que les planètes qui gravitent autour du Soleil et les mécanismes en mouvement.
Les lignes sinueuses représentent le monde végétal ; les ornements évoquent la flore. Les pieds sont ornés de motifs de coquillage. La pendule de Passemant témoigne du raffinement du style rocaille. Ce mouvement artistique s’épanouit sous l’influence du roi Louis XV et domine entre 1730 et 1755, notamment dans le décor intérieur, la peinture et la sculpture.
C’est en janvier 1754 que l’horloge prend place au château de Versailles, dans l’appartement du roi Louis XV, dans un vaste salon que l’on appelle depuis le Cabinet de la Pendule.