Auguste
Auguste
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Orphelin de père à 5 ans, Caius Octavius bénéficie de la protection de la famille de sa mère Attia, nièce de césar. Son éducation est soignée. À sa majorité (16 ans), il entame sa formation militaire en suivant César en Espagne. Devenu le maître de Rome en 44 av. J.-C., César l’adopte par testament. Octave porte désormais les noms de Caius Julius Caesar. L’année précédente, comme tout jeune patricien, il était parti en territoire grec pour parfaire son éducation. Les historiens attesteront plus tard de sa maîtrise de l’art oratoire et de son goût pour les arts. C’est à Apollonie, où il étudie, qu’il apprend l’assassinat de son père adoptif (15 mars 44).
Lorsqu’il rentre à Rome, la ville est en guerre civile. Pour venger son mentor et recevoir son héritage, Octave fils de César s’allie à Antoine puis à Lépide. En 43 av. J.-C. ils forment un triumvirat, un pouvoir à trois, et se partagent l’Occident romain. Une loi de proscription punit de mort les césaricides (dont Brutus et Cassius) et autorise la saisie de leurs biens. En quelques semaines, elle fait plus de trois cents victimes (opposants avérés ou supposés) dont l’illustre Cicéron.
« Hâte-toi lentement »: ce proverbe grec, dit Suétone, est la maxime favorite d’Octave. Il a 20 ans, il est consul et a reçu l’Imperium, il est ambitieux mais aussi prudent. Pendant 12 ans, il saura louvoyer entre les intrigues des partis et choisir ses objectifs militaires pour atteindre son but : conquérir le pouvoir et rétablir la paix civile. Sa constante sera d’avancer dans le respect formel des lois de la République. De ce long temps de maturation politique, retenons deux batailles : Philippes (42 av. J.-c.) et Nauloque (36 av. J.-c.) : la première défait Crassus et Brutus ; la seconde est une victoire contre Sextus Pompée ; elle conduit à la mise à l’écart de Lépide qui est exclu du triumvirat. Les tensions montent entre Octave et Antoine qui gouverne les provinces d’Orient.
En 31 av. J.-C., après un an de conflit armé, la bataille navale d’Actium (en Grèce) est décisive : Antoine, vaincu par Octave, se suicide ; son alliée et compagne la reine Cléopâtre VII se donne la mort (août 30 av. J.-C.). L’Egypte devient une province romaine et Octave n’a plus aucun opposant. À son retour à Rome en 29 av. J.-C., les portes du temple de Janus sont fermées en signe de paix rétablie, Octave reçoit l’Imperium Perpetuum (imperium définitif) et un triomphe extraordinaire qui dure 3 jours. Il a 34 ans ; encore deux années à attendre avant d’entamer le règne le plus long de l’histoire de Rome.
En 28 av. J.-C., le Sénat accorde à Octave le titre prestigieux de Princeps : il est « Premier », sous-entendu des Sénateurs ; l’année suivante, il est fait, honneur suprême, Augustus : le « vénérable, majestueux ». Il détient tous les pouvoirs politiques, civils et militaires, dans une société fondamentalement attachée à la Res Publica. César a été assassiné pour avoir voulu instaurer un pouvoir personnel ; Auguste, lui, prend soin de ménager les apparences républicaines : chaque année, il remet ses charges au Sénat qui les lui réattribue pour un an. Ce nouveau régime est appelé le Principat. Pendant cette période, ses partisans occupent peu à peu tous les rouages de la vie politique. Mécène (maecenas) et Agrippa sont ses amis et conseillers les plus influents.
Le territoire romain est vaste. Auguste connaît le danger de l’absence de la scène politique. Son autorité s’appuie autant sur l’administration que sur l’armée (il veille particulièrement aux nominations et récompenses). Mais il « occupe aussi le terrain » par toute une imagerie officielle destinée à le faire connaître ainsi que sa famille ; à partir de modèles créés à Rome, ses portraits circulent dans l’empire sur des supports variés : statues, reliefs, pièces d'orfèvrerie, pièces de monnaie. Le visage le plus caractéristique est celui qui le montre avec deux mèches de cheveux s’écartant sur l’œil gauche (en « fourche ») et deux mèches se rapprochant sur l’œil droit (en « pince »).
Environ 210 représentations d’Auguste sont connues, chiffre bien supérieur à n’importe quel autre empereur, même s’il couvre une longue carrière politique. La plupart mettent en avant un corps élancé et athlétique, un visage aux traits réguliers, lesquels ne semblent pas vieillir avec le temps. « Sa beauté traversa les divers degrés de l’âge en se conservant dans tout son éclat ». Pourtant les témoignages contemporains attestent de la santé fragile de l’empereur, surtout après Actium, de ses insomnies et de ses doutes. Dans l’imagerie et les textes officiels, ses défauts deviennent des qualités : Auguste est valeureux, charismatique, frugal, pieux et maître de lui-même comme de l’Etat. Tacite, bien que bref, est plus nuancé : « Quand il eut séduit (...) tout le monde par les douceurs de la paix, il commença à s’élever par degrés (...). Nul le lui résistait (...) ».
Auguste associe ses proches à son image, ce qui est nouveau. Ce faisant, il rend publique sa volonté d’instaurer un pouvoir de type dynastique, seul garant de la paix civile. Son autorité ne lui vient-elle pas des dieux ? Son ascendance n’est-elle pas mythique ? Le héros troyen Enée, fils de Vénus, est considéré comme l’ancêtre des Julii ; César a été divinisé ; une comète est passée dans le ciel alors qu’Octave offrait des jeux en son honneur. Auguste se doit d’accomplir son destin : perpétuer sa prestigieuse lignée. Il épouse Livie, de la riche famille des Claudii. Ce mariage restant sans descendance, il adopte d’abord les fils de sa fille Julie, puis ceux d’un premier mariage de Livie. À sa mort, en 14 apr. J.-C., son beau-fils Tibère devient empereur . Le régime républicain est bien révolu.
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